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Communiqué : On ne va pas continuer à brutaliser des enfants pour des raisons budgétaires !

Publié le : vendredi 3 juillet 2015

Voir en ligne : https://cgtaddsea.files.wordpress.c...

Source : https://cgtaddsea.wordpress.com

Auteur : CGT Addsea

"Ce 3 juillet, Manuel Valls, premier ministre, est en visite à Besançon. Un "comité inter-ministeriel de la jeunesse" est prévu en présence de jeunes placés par Protection Judiciaire de la Jeunesse.
Mais la véritable question pour la protection de l’enfance n’est pas posée. Cette question, qu’il s’agisse d’enfants placés par l’Aide Sociale à l’Enfance ou par la Protection Judiciaire de la Jeunesse, c’est celle des politiques d’austérité qu’imposent les financeurs, à l’action sociale comme à l’ensemble des services publics utiles à la population (santé, poste, éducation, etc.).

Pour nous, salarié(e)s du secteur social, ces politiques d’austérité se traduisent par une dégradation de nos conditions de travail, des menaces de licenciements comme au Service des Correspondants de Nuit de Besançon, un gel des salaires et des attaques contre nos conventions collectives. Mais au nom des raisons budgétaires, ce sont aussi les enfants et les jeunes que nous accompagnons qui sont brutalisés !

Depuis 2002, la loi permet le « placement à domicile » : l’enfant est identifié comme étant en danger dans sa famille… mais reste chez ses parents, avec des visites d’un travailleur social : ça coûte moins cher qu’un internat ! Même s’il ne s’agit pas de faire preuve de défiance systématique à l’égard des parents ou de systématiser les placements, on peut s’interroger sur les raisons de développer de plus en plus ces mesures et dénoncer une dynamique réactionnaire qui accorde la prévalence aux liens biologiques.

Rien qu’à l’ADDSEA, au niveau des internats éducatifs, nous avons eu pour des raisons budgétaires :
• La suppression d’un service d’internat à l’ITEP Les Erables à Novillars
• Six suppressions de lits au Centre Educatif l’Accueil

Le manque de places en foyers pour enfants est de plus en plus criant dans le département, et un discours se généralise du côté des financeurs, ce serait de la faute des Mineurs Isolés Etrangers, ces enfants qui ont fuit, seuls, les guerres, la misères ou les dictatures !

Non ce ne sont pas les Mineurs Isolés Etrangers qui sont responsables des politiques d’austérité des financeurs !

De plus en plus, les mineurs isolés étrangers semblent être, pour les fianceurs, « étrangers » avant d’être des enfants. Ils sont soumis à un traitement discriminatoire et ostracisés : un dispositif spécial tente de satisfaire les exigences de départements, toujours plus nombreux à se plaindre d’avoir à prendre en charge sur leurs finances des enfants étrangers.
Selon un argument régulièrement invoqué par les conseils généraux et repris par l’Association des départements de France, les mineurs isolés étrangers seraient avant tout des migrants, dont la responsabilité incomberait à l’État. Concrètement, c’est un principe de suspicion qui prévaut : afin d’estimer s’ils ont moins de 18 ans, ces jeunes sont trop souvent soumis à des tests médicaux injustifiables (exposition d’enfants à des radiations ionisantes sans intérêt thérapeutique dans un but purement administratif), intrusifs, dégradants et dénués de valeur scientifique (capacité testiculaire, examen pelvien, test de pilosité, examen gynécologique) et mis à l’index comme tels par le Commissariat aux droits de l’Homme du Conseil de l’Europe.

Pire encore, il arrive que les services de l’Aide Sociale à l’Enfance, sensés aider ces jeunes, leur fassent subir de
véritables interrogatoires, les traitent avec suspicion, imposent des tests osseux, pratique dégradante et sans aucune fiabilité pour justifier leur exclusion des dispositifs d’aide sociale. Et, dans plusieurs départements, le Conseil Général s’est porté partie civile contre des enfants après les avoir déclarés majeurs sur la base de ces tests osseux ou de simples doutes sur l’état civil, et plusieurs de ces jeunes ont été condamnés à de lourdes peines, jusqu’à plusieurs mois de prison, assorties ou pas du sursis, à des années d’interdiction du territoire ainsi qu’à de lourdes sanctions financières.

A Paris comme dans de nombreux départements de province, de plus en plus de mineurs étrangers, âgés de 14, 15 ou 16 ans, sont livrés à eux-mêmes : ils dorment dans la rue, ils ont froid, ils ont faim, ils ne peuvent se soigner, se déplacer, se laver, laver les quelques affaires qu’ils portent sur eux. En Mayenne, le département a signé un arrêté selon lequel : « il est mis fin à tout nouvel accueil de jeunes étrangers isolés par le service de l’aide sociale à l’enfance » . En Haute-Garonne, il a fallu plus de deux semaines de lutte des travailleurs sociaux pour empêcher la remise en cause des contrats jeunes majeurs (contrats qui permettent aux jeunes de 18 à 21 ans de continuer de bénéficier d’un accompagnement social et éducatif), une remise en cause qui visait d’abord les jeunes isolés étrangers avant de s’étendre à tous les jeunes du département.

Nés à Kaboul ou à Vesoul, tous les mineurs doivent être protégés, pris en charge, scolarisés ! Ce qui doit primer, c’est l’intérêt des enfants !

Des mesures peuvent être prises pour éviter une maltraitance supplémentaire à des enfants, français ou non, déjà abîmés par la vie :

- La fin des suppressions de places d’internat pour les mineurs.
- L’arrêt des suppressions de postes dans le secteur social, que ce soit dans les ITEP,
les internats, les services de milieu ouvert, de médiation, d’insertion ou de prévention.
- La fin des mesures discriminatoires à l’encontre des mineurs étrangers, et notamment
la suppression des tests médicaux, dont le manque de fiabilité est démontré, pour
estimer l’âge d’un enfant."