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Éléonora veut filmer l’intégration d’un migrant

Publié le 16-02-2016

Source : http://jactiv.ouest-france.fr

Auteur : Claire HAUBRY.

« Elle-même migrante, la réalisatrice veut « montrer la suite de l’histoire ». Elle va suivre Blanchard, arrivé à La Roche alors qu’il était mineur. Le projet suscite l’intérêt de deux étudiantes yonnaises.

Elle nous raconterait volontiers son histoire, mais ce n’est pas ce qui l’amène vers nous. À 29 ans, la réalisatrice russe Éléonora Zbanke tourne les projecteurs sur son nouveau projet : « Je veux faire un documentaire sur Blanchard. Il a 20 ans, il est originaire du Congo. Je l’ai rencontré ici, à La Roche-sur-Yon. Nous avons tous les deux raconté notre histoire de migrants lors de la table ronde du festival Migrant’scène, en novembre dernier. »

Le documentaire permettra de montrer « la suite de l’histoire » : l’intégration de Blanchard à La Roche-sur-Yon. Devenu étudiant en BTS après un bac avec mention, l’ancien « mineur isolé » se bâtit une vie autonome.

Les amis, la formation, le travail : Éléonora prévoit de filmer Blanchard pendant plusieurs mois et dans des contextes variés. « Pour donner un visage aux efforts d’intégration quotidiens », insiste la jeune femme. Une manière de peser face à « ces discussions où les migrants apparaissent uniquement comme des chiffres ». Et elle n’a pas choisi Blanchard au hasard : « Son parcours montre combien un destin peut basculer. Fragilisé par le décès de son père, il a fui pour échapper à des menaces de mort. Ça, c’est pour rappeler le contexte. Mon documentaire insistera sur les liens qu’il tisse grâce à son optimisme à toute épreuve. »

« J’ai besoin d’aide pour tourner »

Dans ce documentaire, la réalisatrice veut assumer - elle hésite avant de le dire - son regard d’étrangère. Sourire : « C’est presque devenu un gros mot. Comme si la France, ce monstre culturel tant admiré à l’étranger, ne pouvait plus s’adapter comme il l’a fait par le passé. »

Arrivée de Russie il y a dix mois seulement, la réalisatrice parle un français presque parfait. Elle-même fait preuve d’une intégration éclair. Elle préfère en rire : « Je suis habituée à m’intégrer ! » Son doigt pointe sa chevelure aux boucles serrées : « En Moldavie, où j’ai grandi jusqu’à mes 10 ans, j’étais déjà regardée comme différente parce que mon père était originaire de Guinée-Bissau. Le jour de mon anniversaire, nous sommes partis pour Moscou. Je ne parlais pas un mot de russe. Pourtant, j’y ai réussi mes études de psychologie et l’école de cinéma ! »

À ses côtés, Éléonora a déjà embarqué deux étudiantes de l’IUT de La Roche-sur-Yon, Aurélie Basseux et Amandine Bocherel. Un bel exercice d’information et communication. Le CV d’Éléonora interpelle : ses courts-métrages lui ont valu plusieurs sélections dans des festivals internationaux. Un peu intimidée par l’expérience de sa nouvelle amie, Aurélie Basseux raconte : « On a évoqué le projet auprès d’autres étudiants, les questions n’ont pas tardé ! »

Ravie de cet intérêt, Éléonora n’hésite pas à placer la barre assez haut : « L’idéal, ce serait qu’un caméraman et un preneur de son me consacrent un peu de temps... » Elle ne s’en cache pas, ce projet sert aussi à donner de la visibilité à ses compétences. « J’essaie de me reconstituer un réseau pour reprendre mon travail dans la fiction », explique Éléonora tout en rangeant sa caméra. Elle l’a financée en faisant des films promotionnels sous le statut d’auto-entrepreneur. « Pour être prête à travailler. » »

Voir en ligne : http://jactiv.ouest-france.fr/ils-s...