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Quand les enfants trinquent

Publié le 2-12-2015

Source : https://passeursdhospitalites.wordpress.com

« Une bénévole est inquiète. Elle a rencontré un homme, Afghan, avec un enfant kurde de trois ans. Le reste de la famille est passé en Angleterre, le gamin a été séparé des autres, il est resté derrière. L’homme est inquiet, lui aussi : comment aider cet enfant à arriver en Angleterre pour rejoindre sa famille.

Il y a bien un dispositif géré par France Terre d’Asile pour le compte de l’Aide Sociale à l’Enfance, mais il est conçu pour quelques dizaines de jeunes, quand il y en a quelques centaines il est aux abonnés absents.Alors trouver des conseils, savoir quoi faire, puis retrouver cet Afghan qui n’a pas de téléphone parmi les six mille habitants du bidonville de Calais.

Les enfants prennent cher dans la guerre que le gouvernement mène contre les exilé-e-s de Calais. Au moindre problème sur l’autoroute qui surplombe le bidonville – rappelons que le moyen privilégié qu’ont les exilé-e-s pour passer la frontière est de se glisser dans ou sous le camions qui embarquent sur les ferries ou sur les navettes ferroviaires qui traversent le Tunnel sous la Manche – la police bombarde le bidonville de grenades lacrymogènes. Aux premières loges, à un bout du bidonville les familles kurdes, à l’autre bout, juste sous l’autoroute, des familles érythréennes. Alors les pères ripostent avec ce qu’ils ont sous la main, des pierres, et s’interposent lorsque la police en tenue anti-émeute s’approche trop près des habitations, matraque et gazeuze à la main. On parle d’émeute, quand un incident avec quelques personnes qui tentent de ralentir les camions sur l’autoroute tourne à l’attaque en règle contre les habitations en contrebas et que les habitants ripostent.

Lorsque des familles veulent manifester pacifiquement pour dénoncer les conditions dans lesquelles elles sont contraintes à vivre, c’est encore la gazeuze qui entre en action, les policiers aspergeant enfants et adultes, comme une provocation, comme s’ils cherchaient la confrontation.

Lorsqu’un bénévole britannique craque et tente de faire passer la frontière à une gamine pour qu’elle rejoigne sa famille, il risque 5 ans de prison et 30 000 € d’amende. [...]

Lorsque les policiers trouvent des exilé-e-s dans les camions, ils trient au faciès les mineurs des adultes, relâchant les premiers arrêtant les seconds. Les mineurs se retrouvent alors seuls dans le bidonville. Les rafles qui ont suivi la dernière visite à Calais de Bernard Cazeneuve ont aggravé cette situation. D’où les messages que reçoivent les associations calaisiennes, pour retrouver un fils ou une fille, un petit frère ou une petite sœur, et veiller à sa sécurité.

Lors que le tribunal administratif condamne l’État à des mesures minimales pour assurer la salubrité du bidonville et à recenser les mineurs en danger pour saisir l’Aide Sociale à l’Enfance de la situation, l’État fait appel du jugement. Le Conseil d’État a confirmé la décision du tribunal administratif ce lundi. L’État avait 48h pour l’appliquer. Rien. Appliquer un jugement, se soumettre à la loi ? Aider l’enfance en danger ?

D’ailleurs, qui est un enfant ? Comment trier, comment exclure ? Toutes les instances scientifiques disent que les tests osseux ne sont pas fiables pour évaluer l’âge, en particulier chez les adolescents et les jeunes adultes. Bref, impossible de dire sur la base de cette méthode si quelqu’un a plus ou moins de 18 ans. Qu’importe, le parlement vient de consacrer dans la loi les expertises osseuses. La gazeuse pour celles et ceux qui habitent le bidonville, le couperet contre celles et ceux qui ont l’outrecuidance de demander la protection des autorités françaises. [...] »

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