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Scolarisation des migrants mineurs : l’Europe peut mieux faire

Publié le 7-04-2023

Date de la publication : 07/04/2023
Source : Info Migrants
Autrice : Ana P.SANTOS

« Le Conseil européen pour les réfugiés et les exilés dénonce les retards dans les procédures d’asile et les obstacles administratifs qui empêchent de nombreux enfants d’accéder à l’éducation.

Le Conseil européen pour les réfugiés et les exilés (CERE), qui regroupe près d’une centaine d’ONG dans 40 pays d’Europe, a passé passé en revue les conditions d’accueil et de détention des demandeurs d’asile mineurs dans une vingtaine de pays européens. Dans son rapport, le CERE constate que les enfants placés dans des centres de détention n’ont qu’un accès limité, voire inexistant, aux systèmes éducatifs publics.

En Bulgarie et en Grèce, "les enfants demandeurs d’asile vivant dans les centres de détention n’ont aucun accès à l’éducation formelle". En Pologne, les cours organisés dans ces centres sont loin de couvrir le programme scolaire obligatoire.

"Etant donné la forte proportion d’enfants, d’adolescents et de jeunes adultes parmi les demandeurs d’asile, il est extrêmement important que le droit à l’éducation soit garanti le plus tôt possible, non seulement en termes d’enseignement obligatoire, mais aussi en ce qui concerne l’enseignement secondaire, professionnel et supérieur", réagit le CERE.

Le groupe pan européen insiste également sur le lien qui existe entre l’éducation, la formation et une intégration réussie dans le pays d’accueil, notamment par l’insertion sur le marché du travail.

L’accès à l’éducation est un droit

En 2021, les moins de 18 ans ont représenté près d’un tiers des plus de 500 000 personnes ayant demandé l’asile dans l’Union européenne (UE).

Selon le droit européen sur les conditions d’accueil, les États membres de l’UE doivent accorder aux mineurs l’accès à l’éducation dans un délai de trois mois à compter de la date à laquelle la demande d’asile a été déposée.

L’année dernière, l’UE a toutefois été dépassée par l’ampleur du nombre d’arrivées, due notamment à la guerre en Ukraine. En janvier, on estimait ainsi à 644 000 le nombre de demandes d’asile en attente d’une décision en première instance.

Des procédures trop longues

Selon des chiffres rapportés par le CERE, le délai de traitement des demandes d’asile est en moyenne beaucoup plus long que cette période des trois mois.

En Allemagne, par exemple, le traitement d’une demande prend en moyenne 219 jours, alors qu’en Suède, ce délai va jusqu’à 293 jours.

Et ce ne sont que des moyennes. En Allemagne le délai de traitement peut ainsi dépasser les 21 mois pour certains demandeurs, en particulier pour les ressortissants somaliens.

Outre les retards dans le traitement des demandes, il existe de nombreux obstacles administratifs et pratiques à l’accès à l’éducation, comme le manque de places dans les écoles, la réticence de certains établissements scolaires à inscrire des élèves étrangers, ou encore l’absence de documents d’identification.

"Même lorsque les enfants demandeurs d’asile peuvent accéder à l’enseignement ordinaire, cela ne signifie pas automatiquement qu’ils étudient aux côtés des enfants locaux", souligne le CERE.

En Hongrie, par exemple, les écoles locales n’acceptent les demandeurs d’asile que dans des classes séparées, ce qui ralentit leur intégration.

Néanmoins, le rapport du CERE relève aussi des exemples de politiques éducatives positives. En Allemagne, les enfants d’un centre de transit ayant des connaissances suffisantes en allemand peuvent directement accéder au système scolaire.

Au Portugal, l’inscription dans les écoles publiques est garantie dans un délai moyen de deux semaines. Par ailleurs, le pays offre une aide sociale pour l’alimentation, le logement, l’aide financière et les fournitures scolaires.

Des politiques à minima

Un article paru dans l’International Journal of Refugee Law souligne que les besoins des enfants non accompagnés sont "souvent une préoccupation secondaire pour les États".

De plus, le CERE se dit particulièrement préoccupé par les politiques visant à "décourager les enfants de persister dans leurs demandes de protection, à dissuader les autres d’arriver, ou à maintenir les enfants dans l’incertitude jusqu’à ce qu’ils atteignent l’âge adulte".

"La Commission européenne devrait maximiser les opportunités de financement pour les organisations de la société civile, y compris les organisations dirigées par des réfugiés, afin de soutenir leurs activités axées sur l’accès à l’éducation", estime le CERE. »

Voir l’article en ligne : www.infomigrants.net