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Où en est France enfance protégée

Publié le 31-03-2023

Date de la publication : 31/03/2023
Source : Club Santé Social
Autrice : Rouja LAZAROVA

« Lors d’une audition parlementaire, mercredi 29 mars, le nouveau groupement d’intérêt public France enfance protégée, créé en janvier 2023 dans le respect de la loi du 7 février 2022, a pris chair. Ses nouvelles missions, notamment l’adoption, pourraient intéresser les départements.

Comme à son habitude, la combative Perrine Goulet, député (Renaissance) de la Nièvre, présidente de la délégation aux droits des enfants à l’Assemblée nationale, est allée droit au but, en pointant les failles. Elle auditionnait Florence Dabin, présidente de Maine-et-Loire, présidente du groupement d’intérêt public (GIP) France enfance protégée, vice-présidente en charge de l’enfance à Départements de France, et Pierre Stecker, directeur général du GIP.

« Malgré les campagnes de communication, le 119 est un numéro encore trop méconnu  », a critiqué la députée. Elle a interpellé l’Observatoire national de la protection de l’enfance (ONPE), qui fait partie du GIP, sur les grosses difficultés d’avoir des données fiables sur la protection de l’enfance.

Vers une « maison commune » ?

Florence Dabin s’est défendue : « On a pris conscience, avec les collègues des départements, de l’enjeu national qui est le nôtre. » Elle a décrit le GIP France enfance protégée comme une « maison commune », où chaque enfant serait accueilli dans le respect, avec son identité, son histoire et son parcours. Elle a tiré un bilan intéressant de la crise sanitaire : « On a osé prendre des risques mesurés. On a mieux appris à connaître les missions de chacun.  »

Enfin, l’élue locale a dénoncé ces « reportages à charge destructeurs » alors même que le secteur connaît une pénurie de professionnels. « Ce n’est pas avec ces images qu’on pourra attirer les jeunes et leur donner envie d’avoir un métier qui a du sens », a-t-elle martelé.

Relancer l’attractivité des métiers

Cette pénurie est ressentie dans tous les domaines. La pénurie d’éducateurs spécialisés dans les foyers, celle des assistants familiaux. Ces derniers ont vu revalorisés leurs revenus et reconnu leur droit au répit avec la loi Taquet de 2022. Est-ce que cette mesure saura enrayer la crise des vocations ? Pierre Stecker a fait part d’une autre pénurie – celle des écoutants du 119.

«  Nous avons de vrais difficultés de recrutement. Aujourd’hui, malgré une campagne, il y a moins d’écoutants que de postes pourvus. C’est un métier atypique », a-t-il témoigné. Florence Dabin propose de lancer un « mouvement national pour l’attractivité des métiers de l’humain ».

Un rôle de service public national

Pierre Stecker a voulu souligner les enjeux nationaux de cette politique décentralisée, auxquels répond le nouveau GIP. « Le GIP, c’est d’abord un service public national sur l’enfance en danger, avec le 119. C’est également un service public de l’accompagnement des familles dans l’adoption, et de l’accès aux origines », a-t-il résumé.

Dans sa nouvelle mission, l’accès aux origines, le directeur général a fait part d’un sujet qui monte : les demandes d’enfants adoptés à l’international, environ 120 000 au total. Les délais de traitement sont longs, 18 à 20 mois. Depuis la création en 2002 du Conseil national pour l’accès aux origines personnelles, 12 000 dossiers ont été traités.

En appui des départements dans l’adoption

Le domaine de l’adoption est également en mutation. Il y a d’abord la chute des chiffres de l’adoption à l’international, d’où l’interrogation à maintenir ou non un opérateur dédié. « Avec les départements, qui accordent l’agrément aux familles, on doit concevoir un parcours accompagné. Il pourrait aussi servir d’intermédiation à l’adoption internationale. Nous venons en appui des départements sur ces questions », a déclaré Pierre Stecker. Un des chantier dans ce domaine : établir une base de données nationale des agréments.

Florence Dabin a vu dans l’adoption la question des besoins des parents et – du coup – de la parentalité, un sujet d’actualité, qui transcende, selon elle, les âges et les catégories socio-professionnelles.

Les incontournables MNA

Les mineurs non accompagnés (MNA) ont fait irruptions dans les débats, au travers des propos alarmistes sur des « vagues d’arrivées massives » du député LR du Rhône, Alexandre Portier. Il a fustigé « un État défaillant qui laisse les départements seuls » et évoqué la réforme de la clé de répartition.

S’il a admis des flux qui ont repris depuis la crise sanitaire et qui augmentent, Pierre Stecker a affirmé : "Nous avons participé à la concertation autour du décret d’application. La première réponse technique est de réformer la clé de répartition à l’aune d’un nouvel élément : l’accompagnement des jeunes majeurs, nouvelle obligation des départements. D’autres éléments sont en discussion, relevant de critères sociaux ou de richesse. Les départements s’interrogent sur l’opportunité de prendre en compte le nombre de bénéficiaires du Revenu de solidarité active (RSA), ce qui pourrait pénaliser ceux qui ont des politiques d’insertion actives et efficaces." »

Voir l’article en ligne : www.lagazettedescommunes.com