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À Nantes, la jeune Guinéenne, Aminata, se bat pour qu’on reconnaisse sa minorité

Publié le 13-02-2023

Date de la publication : 13 février 2023
Source : France Bleu
Autrice : Leila MECHAOURI

«  Depuis son arrivée en France, une jeune Guinéenne, Aminata Conté, multiplie les démarches pour qu’on reconnaisse son statut de mineure. Elle attend avec angoisse une décision de justice rendue à la fin du mois de février.

Aminata Conté a quitté son pays pour rejoindre la France en 2018. Depuis, cette Guinéenne se bat pour qu’on reconnaisse sa minorité. Aujourd’hui en foyer et scolarisée à Nantes, la jeune femme attend la décision de la cour d’appel de Rennes, rendue le 27 février.

Elle fuit un mariage forcé

Aminata fuit son village de Guinée il y a quatre ans et demi. Son père veut la marier à 13 ans. "Un mariage forcé, confie-t-elle. Ma mère était en désaccord avec mon père. Et c’est mon oncle qui m’a aidée à fuir mon pays." À son arrivée en France, à Angers, une enquête du Conseil départemental du Maine-et-Loire la déclare majeure, ce qui la prive des aides sociales à l’enfance.

Maïté Cosnard ne comprend pas comment est-ce possible, avec un visage si juvénile. "Il y a quatre ans et demi, quand elle avait treize ans, on disait qu’elle était majeure. C’est juste impossible ! Je trouve que c’est inhumain !", fulmine celle qui héberge régulièrement Aminata depuis son arrivée à Nantes, en 2020.

L’appel du Département de Loire-Atlantique

En juillet dernier, un juge des enfants de Nantes reconnaît à Aminata son statut de mineure. Mais le Conseil départemental de Loire-Atlantique fait appel de cette décision en reprenant des arguments douteux, selon la députée Ségolène Amiot. "On s’est basé sur des faits subjectifs, notamment sur son apparence, sur le fait qu’elle ait l’air majeure, qu’elle avait une ’acné vieille’... Alors qu’en réalité, ce sont juste des traces de vie que tout un chacun peut avoir, y compris des mineurs, surtout quand on est passé par le parcours qu’elle a eu", souligne la députée Nupes de Loire-Atlantique.

Aminata attend avec angoisse la décision de la cour d’appel de Rennes, le 27 février. "C’est trop stressant pour moi de penser à ça tout le temps, de ne pas rester tranquille. J’aimerais me dire qu’une fois pour toutes, c’est fini !", explique l’élève de seconde au lycée Talensac, qui rêve de devenir infirmière. Elle aura 18 ans le 1er mars.

Près de 1.000 jeunes non accompagnés

Sollicité par France Bleu Loire Océan, le Conseil départemental de Loire-Atlantique explique se fier à la toute première évaluation sur la minorité ou majorité d’un jeune, en l’occurrence celle faite par le Département du Maine-et-Loire qui avait déclaré Aminata majeure. Selon ses chiffres, en décembre 2022, il y avait 960 jeunes non accompagnés dans le département dont 423 mineurs.

D’après Médecins du monde, l’an dernier une quinzaine de jeunes, soit 10% des jeunes migrants isolés identifiés par l’association, ont été visés par des appels du Conseil départemental de Loire-Atlantique après une reconnaissance de leur minorité. "Et qui fait le service après-vente du Département ? C’est la société civile et les associations !, fustige Mathieu Quinette, coordinateur du programme "mineurs non accompagnés" de Médecins du monde. On remet les jeunes qui avaient été reconnus mineurs dehors, et c’est encore aux associations d’accompagner ces jeunes vers des solutions, vers un accompagnement en santé, vers l’école, etc. Sur le plan de la santé mentale, c’est un désastre ! C’est des allers-retours entre la rue, l’aide sociale à l’enfance et la rue. Et ces jeunes, souvent, s’effondrent face à cette nouvelle." »

Voir l’article en ligne : leparisien.fr