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COTE-D’OR : Les mineurs non accompagnés, préoccupation partagée au Conseil Départemental

Publié le 27-06-2017

Source : www.infos-dijon.com

Auteur : N.R.

« En présence de la Préfète, venue présenter le rapport d’activité des services de l’Etat devant l’assemblée départementale, le sujet des jeunes migrants a été évoqué. Il semble faire consensus, même si Christine Renaudin-Jacques, élue de l’opposition, a reproché un « chantage » fait aux familles.

Pour les petites phrases et bons mots en guise d’analyse piquante de la période électorale qui vient de s’achever, vous repasserez. Le président du Conseil Départemental de la Côte-d’Or, François Sauvadet, a balayé la politique politicienne en deux phrases à l’ouverture de la session plénière, ce lundi matin : « Je salue de manière républicaine les cinq députés de Côte-d’Or. J’observe, pour résumer, que la République est en Marche et que le Conseil Départemental est au travail ».
Nul ne saura jamais si, dans les dossiers des conseillers départementaux de la majorité comme de l’opposition, figuraient des phrases prêtes à être dégainées en réponse à d’éventuelles polémiques. personne ne les a prononcées et Colette Popard, la présidente du groupe socialiste, n’a ouvert aucune hostilité.
Il faut dire que les deux camps ont perdu les élections présidentielles et législatives, et chacun semble désormais ne pas vouloir s’éterniser sur cette période.

Les élus étaient surtout réunis pour des questions budgétaires, mais aussi pour écouter la Préfète présenter le rapport d’activité des services de l’Etat (lire plus tard sur Infos-Dijon).

Mais un sujet a pris une place particulière dans le discours liminaire du président Sauvadet : la situation des mineurs non-accompagnés (MNA).
« Nous avons à faire face à un phénomène prégnant avec la gestion des mineurs non-accompagnés, qui arrivent de plus en plus nombreux, de l’ordre de 200 par an, dont 80 depuis le 1er janvier 2017.
C’est une mission au cœur de nos compétences, et nous avons mobilisé d’importants moyens supplémentaires pour faire face : d’abord pour les protéger, ensuite pour reconstituer leur parcours et déterminer leur âge, et enfin pour prendre en charge leur situation ».

700.000 euros consacrés aux mineurs non-accompagnés

« Nous allons consacrer à cette prise en charge 700.000 euros au cours de cette session.
- Nous allons abonder de 200.000 euros la dotation versée à la Maison Départementale de l’Enfance.
- Nous allons consacrer 323.000 euros pour la prise en charge supplémentaire de 20 jeunes dans le cadre du financement de l’Aide Sociale à l’Enfance.
- Et parallèlement, 96.000 euros sont inscrits pour permettre la création de 10 places supplémentaires à l’Institut de Vigne à Semur-en-Auxois pour la mise en place d’un dispositif d’accueil des MNA ».

Pour « faire face à l’arrivée croissante et massive » de mineurs non-accompagnés poursuit le président, le service de l’Aide Sociale à l’Enfance « doit disposer des moyens de s’organiser afin de trouver une réponse organisationnelle qui soit dimensionnée car la situation de crise générée par ce phénomène s’installe dans la durée. Dans cette esprit, nous avons décidé de nous doter d’une cellule dédiée à l’accueil et au suivi des MNA ».
4,5 ETP seront affectés :
- 3 travailleurs sociaux.
- Une secrétaire.
- Un mi-temps d’infirmière.
Ce besoin sera pourvu pour partie par redéploiement et pour partie par la création de 3 postes budgétaires : un de conseiller socio-éducatif et 2 d’assistants socio-éducatifs. En complément de ces moyens financiers et humains, des dispositions seront prises au niveau des locaux.

Réorganisation de la Cité Henry Berger

Les MNA sont actuellement reçus Cité Henry Berger pour l’étude de leur dossier, pour des examens médicaux et pour faire face à l’urgence. « L’afflux régulier de jeunes gens, très majoritairement des jeunes hommes, engendre des difficultés pour organiser les circuits dans les différents étages où les temps d’attente peuvent être parfois allongés ».
Pour améliorer la situation, il est prévu de réorganiser le rez de chaussée de la cité Henry Berger, rue Joseph Tissot, pour le consacrer aux jeunes MNA. S’agissant du site de la Maison de l’Enfance à Ahuy, pour augmenter sa capacité d’accueil, il est prévu de réhabiliter les anciens logements de fonction et de les transformer pour accueillir 13 à 15 MNA.

« Le Conseil Départemental entend, par ces mesures, faire face à ses responsabilités » déclarait gravement François Sauvadet. « Mais il attend de l’Etat qu’il prenne les siennes. Car quand ces MNA deviennent majeurs, il appartient à l’Etat de prendre le relais, c’est sa compétence. Tout cela doit se faire de façon concertée et intelligente car c’est bien de jeunes majeurs souvent très éprouvés qu’il s’agit. C’est pour cela que des réponses adaptées doivent pouvoir être trouvées.
Je remercie les services Préfectoraux, ceux de la Direction Départementale de la Cohésion Sociale, ceux de la Justice, de la Police et de la Gendarmerie ainsi que les équipes du Conseil Départemental pour leur collaboration dans la gestion de ces situations très sensibles. Mais il va falloir très rapidement aller plus loin, car en l’état actuel des choses, au risque d’être alarmiste, nous sommes confrontés à des situations qui peuvent nous échapper ».

Echange musclé entre Christine Renaudin-Jacques et la Préfète

Un sujet sur lequel la position du Président Sauvadet a fait consensus. Pour autant, lors des questions-réponses avec la Préfète, Christiane Barret, cette dernière a été prise à partie par Christine Renaudin-Jacques, qui s’est en quelques sortes faite la porte-parole des associations de défense des jeunes sans-papier. La conseillère départementale a reproché à la préfecture, dans les solutions qu’elle propose, une forme de « chantage » puisque certains jeunes se sont vus proposés un renouvellement de leurs papiers à condition que leurs familles acceptent de retourner dans leur pays. C’est notamment le cas d’un jeune albanais du lycée Le Castel.
La Préfète Christiane Barret a alors sèchement recadré son interlocutrice : « Je refuse le terme de chantage que vous employez. Il y a une réelle volonté de mes services de traiter les cas le plus humainement possible. Si vous avez besoin d’infos sur des dossiers particuliers, nous vous les donnerons. Mais les situations sont particulières, uniques, et je ne peux vous laisser dire ça ».

François Sauvadet a repris quelques minutes la parole pour appuyer la réponse de la préfète :
« On protège les personnes mineures jusqu’au moment ou on reconnait leur majorité ou minorité. L’objectif est qu’il n’y ait plus un seul mineur non accompagné en Côte-d’Or à l’hôtel d’ici au 30 septembre pour éviter risques d’exposition.
Nous avançons sur ce domaine de la prise en charge. J’ai moi-même saisi services de l’état et le parquet pour enquêter sur filières clandestines, et je fais confiance en chacun pour régler ça avec humanité ». »

Voir en ligne : http://www.infos-dijon.com/news/cot...