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Mineurs étrangers. L’intégration en marche à Brest

Publié le 24-05-2017

Source : www.letelegramme.fr

Auteur : Steven Le Roy

« C’était au quatrième étage. L’étage où, à part eux, personne ne venait jamais. « On les croisait », dit un prof du lycée Vauban de Brest, « mais sans plus ». Mais depuis cette année, le quatrième étage, celui qui accueille la mission de lutte contre le décrochage scolaire, s’est ouvert. Mieux : l’étage qui accueille ceux qui veulent remonter en selle mais aussi les mineurs étrangers a collaboré avec d’autres classes pour une expo prétexte qui va bien au-delà de quelques panneaux.

Yannick vient du Gabon. Un an, qu’il est en France et qu’il s’accroche. Un an durant lequel sa grand-mère est passée de vie à trépas, hélas. Dans la grande salle du lycée décorée en habits de fête, Yannick lit un texte qu’il a rédigé pour elle, d’abord en français, puis en fang. Applaudissements. En ce mardi un peu gris, le lycée Vauban a choisi de célébrer des expériences qui se passent bien.

Rien n’était écrit d’avance, pourtant. Christian Bléas, qui est en charge de cette mission de lutte contre le décrochage scolaire, et qui a été l’une des chevilles ouvrières de cette journée, le sait mieux que quiconque. Des années qu’ils travaillent dans les différents dispositifs « pour permettre à des jeunes de plus de 16 ans » de raccrocher le train scolaire et de peaufiner « un projet d’intégration et travailler leur projet d’orientation ». C’est là que sont versés, à leur arrivée, les jeunes migrants isolés ou non. « Ils sont considérés comme des élèves sans solution et nous les accueillons pour repérer leurs capacités et construire un parcours avec eux ». Par la force des choses, le lycée Vauban est aussi devenu « un centre d’alphabétisation ». Seulement, depuis « environ deux ans », les choses ont bien changé. Là où naguère une poignée de migrants passaient par le quatrième étage, ils sont aujourd’hui près d’une centaine à avoir recours à ce marchepied vers un avenir meilleur. « Ils sont logés à la même enseigne que les autres, à la différence qu’ils reçoivent plus d’heures de français ».

Des élèves moteurs

Les échecs, il y en a parfois. Des réussites aussi, qui sont, selon le proviseur Gilles Benic, fondamentales. « Certains de ces élèves ont intégré des classes du réseau, certaines difficiles. Eux, ils savent pourquoi ils sont là et deviennent des éléments moteurs des classes. Ils ramènent la discipline et le travail ».
Mamadou est l’un de ceux-là. Ce grand gaillard arrivé tout seul du Mali il y a un an, il aspire désormais à quitter le quatrième étage pour se diriger vers le monde de la restauration via un contrat de qualification professionnel dont la porte lui a été ouverte, par la magie du dispositif d’accompagnement des mineurs isolés étrangers. « J’ai hâte », dit-il dans un français consolidé, « hâte de commencer à travailler.

Foot, littérature et intégration

Tout irait presque pour le mieux dans le meilleur des mondes si l’intégration de ce groupe grandissant « passant difficilement inaperçu » était aussi simple que leur orientation professionnelle. « Nous travaillons généralement sur trois étages, les trois premiers. On sait bien qu’il y en a un quatrième, mais on n’y va jamais », témoigne Solène, élève en classe de seconde. C’est par hasard qu’un jour, leur prof de français, Emmanuelle Dauné, a parlé avec Christian Bléas (lire ci-dessous). C’est aussi un peu par hasard que le foot s’est installé en vecteur de conciliation. Après un an passé de galère en galère, des profs de sport ont finalement pris sous leur coupe ces jeunes, majoritairement des garçons venus de l’Afrique subsaharienne. « Tous les mercredis, ils se mélangent pour du foot en salle. Aux derniers championnats, les équipes ont été jusqu’en finales départementales », se réjouit Christian Bléas. Les fondations semblent donc moins bringuebalantes, à l’arrivée de l’été 2017. « L’an prochain, nous serons sans doute plus de 100 sur les 150 ados que nous accueillons. Notre objectif est de poursuivre les intégrations tant au niveau des stages et de l’orientation, que de la vie scolaire ». Vaste programme, certes, mais les fondations sont désormais solides. »

Voir en ligne : http://www.letelegramme.fr/finister...