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Les mineurs isolés relogés à Saint-Clar

Publié le 28-02-2017

Source : www.ladepeche.fr

Auteur : Marc Centène

« C’est désormais au centre Cantoloup Lavallée que sont accueillis les migrants mineurs isolés, dans une nouvelle unité spécialement dédiée à ces pensionnaires bien particuliers.

Jean-Charles Lecocq, le directeur du centre Cantoloup Lavallée à Saint-Clar, a vu le phénomène prendre une importance croissante. En 2011, quand les premiers jeunes migrants sont arrivés, essentiellement d’Afrique ou d’Asie, ils formaient un petit effectif de 6 ou 7 pensionnaires. Mais depuis 2016, le nombre a explosé. « Ces enfants, souvent âgés de 16 à presque 18 ans, arrivent de deux manières à la connaissance des institutions gersoises. Soit il s’agit de primo arrivants, détectés dans le Gers même, soit ce sont des mineurs identifiés quelque part en France, évalués et répartis dans d’autres départements selon un système de quotas. » En 2015, le Gers avait un quota de 15 places, qui sont prises sur les places existantes. « Ce nombre augmente en fonction du nombre de mineurs détectés. En 2016, les dispositifs d’accueil ont été saturés. Sur 65 places d’hébergement pour les mineurs, ils en occupaient 20, ce qui remettait en cause notre capacité à accueillir les petits Gersois ! »

Le centre de Saint-Clar propose alors au conseil départemental, en charge de la protection de l’enfance, de mettre en place une unité spécialisée temporaire. « Nous avions les locaux, et une capacité de 12 places. Le CD 32 a poussé notre capacité à 15 places, ce qui permettra de ventiler les arrivants sur d’autres unités. » Un volontarisme que salue Jean-Charles Lecocq : « Rien n’obligeait le conseil à faire cet effort ». Dans cette unité, les mineurs montent un projet avec le personnel, avant de rejoindre d’autres groupes pour aller plus loin dans l’autonomie et l’intégration.

« Le personnel a l’habitude, maintenant ! Il a en plus suivi une formation pour mieux accompagner l’enfant dans les démarches administratives. »

L’arrivée des jeunes migrants de Calais, passés de La Ribère à Saint-Clar, a posé un problème inédit. « Jusqu’à présent, nous recevions des individus. Ils étaient d’une extrême motivation et s’intégraient vite, en mettant le chapeau sur leur culture d’origine. Là, il s’agit d’un groupe, cinq Afghans qui se connaissent depuis Calais, où l’État les a regroupés par ethnie avant de les envoyer ici ou là en France. Les sortir du communautarisme représente un petit défi, mais on est confiants ! » Face à des jeunes qui ont souvent une histoire douloureuse et complexe, le travail d’accompagnement de cette nouvelle unité vise avant tout à intégrer ces mineurs, en particulier à travers la formation professionnelle. « Nous avons deux ans de travail. Mon espoir est qu’on ferme ensuite ces places. Sinon, ça signifiera qu’on n’a pas su traiter l’arrivée des migrants, pour que ces gens puissent rester vivre chez eux. Qui a envie de quitter son pays ? »

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Bonne capacité d’insertion
Le centre Cantoloup Lavallée dispose d’une école sur place, où la direction a renforcé l’enseignement Français langue étrangère. « Nous avons la capacité, dès qu’ils le peuvent, pour qu’ils utilisent l’ensemble du dispositif scolaire, explique Jean-Charles Lecocq, le directeur du centre. Il y a la cité scolaire Maréchal-Lannes, à Lectoure, la Chambre des métiers de Pavie et le centre de formation des apprentis, AG2i, qui utilise son projet de remobilisation pour les jeunes… » Les jeunes migrants isolés montrent d’excellentes dispositions dans les filières d’apprentissage. « On a cette chance que le territoire ne les rejette pas : je pensais que ce serait le cas, mais pas du tout ! Les patrons des mineurs étrangers apprentis ont été aussi surpris que nous par leur capacité d’insertion. » Depuis 2011, le centre Cantoloup Lavallée a reçu une quarantaine de ces adolescents déracinés. « A une exception près, tous sont aujourd’hui insérés », se réjouit le directeur. »

Voir en ligne : http://www.ladepeche.fr/article/201...