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Dans les pas des mineurs isolés

Publié le 10-02-2017

Source : www.cotequimper.fr

Auteur  : Sébastien Joncquez

« Rozenn Le Berre a pas mal bourlingué avant de travailler dans un centre d’accueil de jeunes migrants. Elle y a passé 18 mois, le temps de l’espoir et des désillusions.

"On frappe à la porte. Police. Encore. Je prends congé d’Abdul pour accueillir trois jeunes Érythréens, contrôlés sans billet alors qu’ils étaient dans le train. Rengaine habituelle : bonjour la police, au revoir la police, bonjour les gars, vous voulez aller où ? À Calais, ok."

"Ça devient tellement habituel qu’on oublierait presque qu’ils ont quinze ans, qu’ils sont tout seuls, qu’ils ont fait 10 000 kilomètres et qu’ils vont habiter dans une tente noyée dans la boue près du port. C’est de leur faute aussi ! Ils sont là, détendus, souriants. Comme si c’était normal."

De Brizeux au centre d’accueil

Originaire de Guengat, Rozenn Le Berre a publié, le 12 janvier dernier, De rêves et de papiers, 547 jours avec les mineurs isolés étrangers (aux éditions La Découverte). Celle qui a suivi ses études au collège puis au lycée Brizeux a souhaité livrer son témoignage et plonger ses lecteurs dans la vie quotidienne d’un service d’accueil des mineurs isolés.

Je ne me retrouvais pas dans le discours médiatique où l’on parle davantage de masse anonyme. Je voulais me mettre à hauteur de l’humain, l’individu.
Et, en 18 mois, elle en a vu, de très jeunes humains, déboussolés, désœuvrés. « Attention, ils ne sont pas tous misérables, bien au contraire. On le voit avec les Syriens : ce sont ceux qui ont de l’argent qui parviennent à arriver jusqu’en France ; les « pauvres », eux, migrent dans les pays frontaliers », comme le Liban, pays proportionnellement le plus accueillant du monde.

Toute la misère du monde

Elle rompt ainsi rapidement le cou à cette fameuse phrase de Michel Rocard : « On (L’Europe) ne peut pas accueillir toute la misère du monde ». « Cette phrase est en plus tronquée », souffle-t-elle. La suite (« mais elle peut prendre sa part de cette misère »), elle la rappelle à qui veut l’entendre. Même au sein de sa propre famille.

Dans son livre, elle témoigne aussi de son quotidien, de ses visites en Bretagne, de ses réunions familiales où l’un des convives y va de sa petite rengaine « dédouanante ».

La jeune femme de 28 ans a quitté le service d’accueil. « Pour une question éthique », précise-t-elle. Elle ne supportait plus devoir faire le tri entre les candidats à l’exil.

Je devais recueillir leur récit de vie, établir un rapport que l’on transmet au service compétent du conseil départemental qui, lui, décide si la personne est un(e) mineur isolé(e). Pour moi, le système n’est pas bon.

Même si, parfois, il contribue à sortir des jeunes de la galère : « Une jeune fille de 15 ans est arrivée au centre dans un état de vulnérabilité extrême ; elle avait subi des violences sexuelles ; elle était très renfermée. On l’a vraiment récupérée à la petite cuillère. Quelques mois plus tard, alors que je marchais dans la rue, une jeune fille que je ne reconnaissais pas s’est précipitée vers moi ; c’était cette même jeune fille mais qui était souriante, pleine de vie, elle avait même rajeuni physiquement. » »

Voir en ligne : http://www.cotequimper.fr/2017/02/1...