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À Pierrefitte-ès-Bois, les jeunes migrants sont-ils maltraités ?

Publié le 8-02-2017

Source  : www.larep.fr

Auteur : Anne-Laure Le Jan

« Le malaise est grandissant au centre d’accueil pour mineurs isolés de Pierrefitte-ès-Bois, chez les jeunes migrants comme chez une partie des bénévoles et salariés de l’association Imanis. Son directeur, Jean-Noël Guillaume, s’en défend, même s’il confirme que les relations avec les jeunes sont tendues.

« Il y a non-assistance à personnes en danger. » Plusieurs anciens ou actuels bénévoles et salariés d’Imanis, Oxygène et Sckool (ex-G-Fai) - les trois associations qui gèrent les centres d’accueil pour mineurs isolés (Caomi) de Pierrefitte-ès-Bois et Cerdon - témoignent d’un malaise grandissant.

Le problème concerne particulièrement Pierrefitte. Depuis qu’ils ont appris qu’ils ne pourraient pas rejoindre l’Angleterre, sans avoir reçu de courrier officiel des autorités britanniques leur expliquant cette décision, les jeunes refusent d’effectuer les démarches administratives, dans le cadre de la procédure française, comme les évaluations permettant de déterminer s’ils sont mineurs ou non.

Fin janvier, la tension monte au centre. En colère, une quinzaine de jeunes tapent du poing sur le bureau de la direction et renversent du matériel. D’après les personnes qui travaillent sur le site, la direction d’Imanis décide alors de prendre des « mesures éducatives, des restrictions puisque les jeunes ne veulent pas se plier aux exigences administratives... » Ces mêmes témoins évoquent une absence de communication et de projet pédagogique, hormis des cours de langues, l’arrêt d’activités récréatives, des rations alimentaires, l’interdiction de regarder la télévision...

Rencontrés lundi, des jeunes migrants, visiblement en colère et démunis, parlent de « nourriture périmée ». Salariés comme bénévoles, qui estiment « subir des pressions », constatent une dégradation de leurs états physiques et psychologiques de jour en jour : « Au-delà de leur parcours migratoire, n’oublions pas que ce sont des enfants, qui ont vécu de vrais traumatismes... » Mardi, quatre jeunes ont quitté le Caomi. Ce ne sont pas les premiers : « Ils partent, ils n’en peuvent plus... »

De son côté, Jean-Noël Guillaume, assure que «  tout est respecté au pied de la lettre  ». Il nous a ouvert les portes du Caomi, lundi, souhaitant jouer la transparence. Nous avons visité la salle d’activités, dotés de jeux, et rencontré une des professeurs de français (ils ont également des cours d’anglais et de français langue étrangère). Selon le directeur, les activités extérieures n’ont pas lieu car les jeunes ne veulent pas y prendre part, « contrairement à Cerdon ».

Concernant la nourriture périmée, l’équipe encadrante donne sa version. Elle évoque les produits secs, fournis par la banque alimentaire : « Il peut y avoir des produits dont la date de durée minimale (à consommer de préférence avant le) est dépassée, mais pas la date limite de consommation (jusqu’au). » Comme des céréales datant, en effet, de juin 2016.

Jean-Noël Guillaume ne nie pas les difficultés de communication avec les jeunes migrants. Le directeur « regrette qu’ils refusent tout, de manière massive, parce qu’ils veulent aller en Angleterre et croient qu’on leur ment ». Selon lui, « on a affaire à des rumeurs et à des personnes majeures extérieures, non professionnelles, qui les manipulent ».

Quid des bénévoles ?

Plusieurs habitants du Giennois nous ont également alerté sur leur demande de faire du bénévolat, à Pierrefitte comme à Cerdon. Sans obtenir de réponse de la part d’Imanis. "Peut-être que ces personnes ne nous ont pas envoyé leur extrait de casier judiciaire, s’interroge le directeur, Jean-Noël Guillaume. Elles peuvent nous recontacter." Cependant, il estime que les six bénévoles actuels sont suffisants : "Avec vingt-sept professionnels, sur les deux sites, l’activité, on la tient largement." »

Voir en ligne : http://www.larep.fr/pierrefitte-es-...