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La leçon citoyenne du juge Rosenczveig aux lycéens du 93

Publié le 19-01-2017

Source : www.leparisien.fr

Auteur : Elsa Marnette

« « J’essaie de capter votre attention et je vois deux crétins qui bavardent entre eux. » Rire général dans la salle surchauffée. Ce jeudi après-midi, les élèves du lycée Eugénie-Cotton de Montreuil ont découvert un personnage atypique et une figure du monde judiciaire. Jean-Pierre Rosenczveig, l’ancien président du tribunal pour enfants de Bobigny, en retraite « forcée » depuis 2014, leur a tenu, deux heures durant, une « Cottonférence ».

Conçus comme « une fenêtre ouverte sur le monde contemporain », ces rendez-vous se tiennent plusieurs fois par an et rencontrent, chaque fois, un grand succès, réunissant régulièrement environ 80 participants. « Aujourd’hui, c’est une personne qui a été très importante pour l’avancée des droits. Jean-Pierre Rosenczveig a beaucoup milité et travaillé pour une société plus juste », vante l’enseignant Nicolas Le Roux face à celui qui incarne la justice des mineurs.

Le juge pour enfants vient parler prise en charge des mineurs étrangers isolés ou « mineurs non accompagnés » dans la terminologie européenne. L’occasion de revenir sur la jungle de Calais, sur l’afflux de migrants qui marchent vers l’Europe et sur ce que la justice des mineurs peut faire ou pas, rappelant qu’elle « s’occupe plus d’enfants en danger que d’enfants délinquants ».

Poussé par les lycéens, celui qui préside l’association des citoyens réservistes de l’Education nationale digresse aussi sur son métier, son engagement, son expérience. « Est-ce que vous êtes pris en charge, vous êtes suivi ? », demande, curieusement, une élève. « J’ai des copains qui font des psychanalyses, je leur dis une bouteille de beaujolais et un bon steak, ça fait l’affaire », sourit d’abord le juge. Puis plus sérieusement : « Tous les métiers sont durs, dans toute profession, il faut être carré. »

« Est-ce que vous avez déjà hébergé un jeune ? », l’interroge une autre élève. « Oui, je l’ai fait une fois, je ne le referai pas », rigole Jean-Pierre Rosenczveig. N’est pas éducateur ou famille d’accueil qui veut. Avant cela, il avait confié ses souhaits : « J’espère que certains vont s’engager, militer, se révolter. Mais pas en se disant que tout est pourri. »

Son discours sans langue de bois séduit un petit groupe de lycéennes, habituées des Cottonférences : « Il ne dit pas gens de couleur, il dit black, donne en exemple une adolescente. Ça a choqué des gens je crois. Moi j’aime bien comment il parle, on retient mieux. » Parmi les idées avancées et débattues, Garance sait désormais que « si on a besoin d’aller voir un juge, on peut le faire » et sans les parents. Pareil dans les commissariats. « Et ça fait de nous des citoyens. » »

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