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Marie héberge trois mineurs étrangers : « J’ai prévenu la voisine »

Publié le 3-01-2017

Source : www.lavoixdunord.fr

Auteur : Patrick Seghi

« Pour faire face au vide généré par le démantèlement du camp des Olieux, un nouveau réseau solidaire s’est mis en place à Lille. Des particuliers, des étudiants, des associatifs… hébergent désormais des mineurs étrangers isolés. « Peut-on les laisser à la rue ? »

« La question n’est pas : pourquoi je le fais ? Mais pourquoi je ne le ferais pas ? » Marie (anonymat demandé) héberge trois mineurs étrangers isolés (MIE) dans son petit appartement HLM. Le trio occupe depuis deux mois les chambres de ses enfants, devenus grands. Pour la nourriture, c’est simple : « Riz, haricots, farine de manioc, peu de viande… » « J’ai prévenu la voisine de palier, cela ne pose aucun problème. Ces jeunes ont appris à se faire tout petits et moi, j’ai l’impression d’accueillir des amis », poursuit Marie. Cette militante, passée par les maraudes, stupéfaite par Calais, originaire d’un pays où la misère et la corruption produisent en réaction une solidarité sans faille, a franchi le pas. « Là où les pouvoirs publics ne sont plus présents, les citoyens prennent la relève. »

La question des mineurs isolés étrangers n’est en rien réglée à Lille. Elle devient seulement plus diffuse depuis le démantèlement du camp des Olieux. « Il suffit d’aller à Euralille pour s’en rendre compte. Va-t-on continuer à se voiler la face devant la réalité et l’importance des phénomènes migratoires ? » Ce qui compte pour la jeune femme est de casser l’image misérabiliste de ces ados qui ont risqué leur vie pour rejoindre la France. « Deux des trois que j’héberge ont été pris en otage en Libye et leurs familles rançonnées. Il faut se confronter à leur résilience, à leurs parcours, à leur volonté de s’insérer, à la joie qu’ils apportent, à l’exemple qu’ils pourraient être pour bien des jeunes de quartier. » Vient la question de fond, toujours pas réglée : « Peut-on laisser des mineurs à la rue ? » Entre les « confirmés » que l’on retrouve, par exemple, sous le pont de la friche Saint-Sauveur et les autres qui attendent leur évaluation, un réseau solidaire apporte une réponse concrète. « Ils sont hébergés par des étudiants, un pasteur ou des bénévoles… » Hiver ou pas, l’iceberg des MIE repointe le bout de son nez. « Ma mère faisait toujours une assiette de plus », glisse Marie. Pas sûr que cela suffise. »

Voir en ligne : http://www.lavoixdunord.fr/98039/ar...