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Quel avenir pour les mineurs isolés, après les restrictions du Royaume-Uni ?

Publié le 21-12-2016

Source : www.lexpress.fr

Auteur : AFP

«  Ce mercredi, le ministre de l’Intérieur s’est alarmé du sort des jeunes migrants, qui ont vu leur demande d’accès au Royaume-Uni refusée. Certains ont entamé une grève de la faim.

Le ministre de l’Intérieur, Bruno Le Roux, souhaite trouver "une solution conforme aux intérêts" des enfants migrants, en dialoguant avec le Royaume-Uni. C’est ce qu’il a annoncé ce mercredi, en plaidant pour un "dialogue renforcé" avec le pays, quelques jours après l’annonce par les médias britanniques de la fermeture des portes du Royaume-Uni aux mineurs isolés actuellement accueillis en France. A ce jour, Londres n’en a pris en charge que de 500 à 750 sur les près de 2000 recensés depuis le démantèlement de la "Jungle" de Calais, alors qu’une très grande majorité d’entre eux ont fait part de leur souhait s du Royaume-Uni de leur offrir l’asile.

Ce mercredi, l’ONG Human Rights s’est également alarmée de la situation des mineurs isolés en France, qui n’abandonnent pas leur dessein de rejoindre le Royaume-Uni, où la plupart disent avoir de la famille. Dans un communiqué, elle a demandé à Londres d’élargir ses critères d’application pour accepter le transfert de migrants mineurs non-accompagnés.

"Des manifestations de désespoir"

Actuellement, la grande majorité des mineurs qui n’ont pas été pris en charge par Londres sont hébergés dans les CAOMI (Centres d’accueil et d’orientation des mineurs isolés). Ils attendent que leurs demandes d’accès au Royaume-Uni soit traitée par le home office, le département britannique de l’immigration. D’autres ont rapidement quitté ces structures, pour retourner à Calais et tenter de traverser la Manche par leurs propres moyens.

Selon le ministre de l’Intérieur, qui s’exprimait ce mercredi devant l’Assemblée nationale, "il reste aujourd’hui 1200 mineurs dans les Centres d’accueil et d’orientation mineurs (...). Il y a des manifestations de désarroi, il y a aussi des manifestations de désespoir, mais notre objectif, pour chacun de ces jeunes, est que tous les droits lui soient ouverts". "Il y a des situations individuelles qu’il faut régler et qui ne sont pas compréhensibles pour des jeunes qui ont été séparés, notamment d’une partie de leur famille, a-t-il ajouté, Il doit y avoir aussi un accueil complémentaire et de façon très diplomatique, vous le comprendrez, j’appelle aujourd’hui à ce que nous trouvions, nos deux pays, une solution conforme aux intérêts de ces mineurs", a-t-il souligné, en faisant appel à la compréhension britannique.

Un risque "de se retrouver sans abri"

Si le journal britannique The Guardian a cité il y a quelques jours les propos du ministre de l’Intérieur Robert Goodwill, annonçant la fermeture des portes aux Britanniques, Londres ne les a ni confirmés, ni infirmés. Après le démantèlement de la "Jungle", le pays s’est engagé à accueillir tous les mineurs isolés ayant de la famille en Grande-Bretagne et à "étudier" les dossiers de ceux "dont l’intérêt supérieur serait de rejoindre ce pays". Mais, mi-novembre, le gouvernement britannique a resserré ses critères mi-novembre : il fallait avoir 12 ans ou moins, ou être exposé à un risque élevé d’exploitation sexuelle, ou bien avoir 15 ans ou moins pour les Syriens ou Soudanais. Résultat, de nombreux dossiers ont été rejetés.

Ce mercredi, Juliane Kippenberg, la directrice adjointe de la division Droits de l’enfant de HRW a estimé que "beaucoup d’enfants migrants non-accompagnés en France sont désespérés et ne souhaitent rien d’autre que de rejoindre leurs familles au Royaume-Uni". "En l’absence d’espoir véritable que leur statut sera résolu prochainement, il existe un risque réel que certains de ces enfants quittent les centres pour tenter de rejoindre le Royaume-Uni, risquant de se retrouver sans abri ou d’être victime d’exploitation et de violence", a-t-elle souligné.

"Je préfère aller mourir là-bas plutôt que de rester"

L’ONG demande à ce que Londres élargisse de nouveau ses critères d’application "pour s’assurer que les enfants plus âgés ne soient pas exclus de l’examen des dossiers". L’association cite notamment le témoignage d’un garçon de 17 ans, originaire d’Éthiopie, transféré de Calais en Nouvelle-Aquitaine. Il attend de pouvoir rejoindre son cousin en Angleterre. "Je ne mange plus, je ne dors plus, je n’arrive plus à rien faire. Je suis inquiet de ce qu’il va se passer (...). Je ne sais pas combien de temps je vais tenir. Je préfère retourner à Calais et monter dans un camion là-bas et aller mourir là-bas plutôt que de rester", assure ce jeune homme.

Mardi déjà, le Défenseur des droits Jacques Toubon avait regretté que l’intérêt des mineurs de Calais "n’(ait) pas fait l’objet d’une priorité" lors du démantèlement du bidonville, ni dans leur accueil en centres d’hébergement. En signe de protestation, certains de ces jeunes migrants ont entamé une grève de la faim. A Réalville dans le Tarn-et-Garonne, dix-neuf mineurs, âgés de 13 à 17 ans, ont observé de vendredi à lundi soir une grève de la faim, dans un centre d’accueil pour protester contre le refus du Royaume-Uni de leur offrir l’asile. »

Voir en ligne : http://www.lexpress.fr/actualite/so...