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Clohars. Des mineurs isolés « pas résignés »

Publié le 21-12-2016

Source : www.letelegramme.fr

Auteur : Roland Fily

« Les 17 mineurs étrangers encore présents au centre d’accueil et d’orientation de Clohars pourront-ils rejoindre l’Angleterre, comme ils l’espèrent depuis des mois ? Ici au Pouldu, on est loin de baisser les bras malgré les refus essuyés. Les jeunes ont jusqu’à la fin janvier pour défendre leur cause.

Stann Rigau, directeur du CAO du Pouldu n’en démord pas. Il est même « prêt à montrer les dents ». Les autorités britanniques ont annoncé le 9 décembre la fin de l’opération permettant à des mineurs expulsés de Calais d’accéder légalement au territoire britannique. « On veut secouer le Home Office, reprend Stann, ils n’ont pas fait les choses comme ils auraient dû et n’ont pas respecté leurs engagements. Les choses doivent se concrétiser, nous ne sommes pas résignés ».

12 sur 35 admis en Angleterre

Selon ses chiffres, 1.700 mineurs ont été évacués de Calais début novembre, 750 ont pu rejoindre l’Angleterre après évaluation par le Home Office. Une autre source en annonce moins de 500 accueillis Outre-Manche. Au Pouldu, les 35 jeunes ont été auditionnés par les autorités britanniques courant novembre, sauf trois d’entre eux absents lors de la venue des officiers mais dont les dossiers ont été transmis. Douze ont été admis à rejoindre le Royaume-Uni. Les refus ont été signifiés en fin de semaine dernière par M. Castagnier, secrétaire général de la préfecture de Quimper. « Sur des critères qu’on ne connaît pas, commente Stann, alors que les réponses doivent être motivées, elles ne le sont pas, ou pas clairement ». Ils sont donc encore 18 présents à Clohars (cinq d’entre eux ayant choisi de tenter de passer en Angleterre par leurs propres moyens) et pour lesquels la résignation n’est pas de mise. L’Irlande a également annoncé sa volonté d’accueillir 200 mineurs. Mais c’est bien l’Angleterre qui reste l’objectif. « On va remonter des dossiers. Certains ont des frères, des cousins avec des situations en Angleterre. Ils ne comprennent pas pourquoi ils ont été rejetés, et nous non plus. La déception est grande », dit encore Stann.

« On attendait mieux des autorités anglaises »

Une déception partagée au niveau régional par le responsable des centres d’accueil, Bruno Rathouit. « Les jeunes ont été vus, ils sont encore 17 à Port-Navalo et 18 à Saint-Cast. Ils peuvent faire appel de la décision négative des Britanniques. Ou rentrer dans le dispositif de l’ASE (Aide sociale à l’enfance) ». Le dispositif prévoit la répartition des mineurs isolés par département. « Mais notre convention (*) arrive à terme au 31 janvier. Après, ça va être à l’État de décider. Tous les départements ont-ils les moyens de prendre ces jeunes en charge ? J’espère qu’on aura des solutions et qu’on ne va pas les mettre à la porte au 31 janvier. On attendait mieux des autorités anglaises ». Reste que sur les trois sites bretons où les encadrements et les bénévoles ont multiplié les activités depuis début novembre, on ne connaît pas les situations difficiles d’autres centres en France où manifestations et grèves de la faim ont eu lieu.

Le soutien local

Le maire de Clohars, Jacques Juloux, a évoqué la déception des jeunes en conseil municipal en fin de semaine. « Depuis des mois, après avoir fui le Darfour Soudanais en guerre, leur objectif était de rejoindre le sol anglais. Les équipes d’encadrants du centre vont devoir les accompagner pour les aider à se projeter dans un autre projet. Tout sera fait pour que la cohésion du groupe hébergé sur le centre soit maintenue et que ce temps de répit soit utilisé pour les accompagner dans leurs démarches. Mairie, associations, bénévoles et riverains continuent bien sûr de manifester leur soutien par leur présence et leur implication à leurs côtés. Toutes les initiatives durant les fêtes pour qu’un peu de chaleur humaine leur soit témoignée sont bien sûr toujours bienvenues ». Stann n’annonce rien d’exceptionnel pour cette fin d’année dans le centre. Il n’y a pas de chrétiens et « l’ambiance n’est bien sûr pas très festive ». Cinq des 35 jeunes accueillis début novembre ont décidé de partir. L’un d’entre eux a rejoint l’Angleterre à ses risques et périls. Les autres sont sans doute à Paris, à la Porte de la Chapelle. Trafics, proxénètes « c’est la merde là-bas », commente Stann. Il a fait le choix de ne pas en faire de trop côté déco de Noël, mais Stann ne veut rien lâcher sur les droits des jeunes qu’il accueille.

* La Caisse Mutuelle Complémentaire et d’Action Sociale des personnels des Industries Électrique et Gazière a été sollicitée par l’État pour accueillir les réfugiés dans ses centres de vacances. »

Voir en ligne : http://www.letelegramme.fr/finister...