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Un Lord dénonce les critères d’accueil des réfugiés mineurs au Royaume-Uni

Publié le 7-12-2016

Source  : www.euractiv.fr

Auteur : AFP

« A 84 ans, une préoccupation anime Alf Dubs, membre de la chambre des Lords britannique : le sort des mineurs réfugiés qui pendant des mois ont hanté la « Jungle » de Calais.

D’où la colère de cet ancien réfugié face aux atermoiements des deux côtés de la frontière.

« Je pense qu’ils ont eu tort », dit-il à l’AFP dans une salle de travail du Parlement. Le ton est courtois mais sans appel. Lord Dubs fait référence aux nouveaux critères d’éligibilité édictés par Londres mi-novembre.

Selon ces critères, à moins d’attaches familiales, il faut avoir 12 ans ou moins, ou être exposé à un risque élevé d’exploitation sexuelle, ou bien avoir 15 ans ou moins si on est Syrien ou Soudanais, pour prétendre fouler le sol britannique. Ultime condition : être arrivé en Europe avant le 20 mars et dans la « Jungle » au plus tard le 24 octobre, date de début de son démantèlement.

Ces conditions excluent « des enfants très vulnérables venus d’Erythrée ou d’Éthiopie » entre autres, dénonce Lord Dubs, à l’origine d’un amendement adopté en mai, censé ouvrir les portes du Royaume-Uni à quelques centaines de réfugiés mineurs isolés sans attaches familiales. Un texte qui, depuis, porte son nom.

« Parler d’éligibilité va à l’encontre de l’amendement que le gouvernement s’est engagé à appliquer », dénonce l’élégant octogénaire lui-même arrivé au Royaume-Uni grâce au « Kindertransport », une opération qui a permis d’accueillir quelque 10.000 enfants juifs isolés d’Allemagne, d’Autriche et de Tchécoslovaquie.

C’était en 1938 et il avait six ans. « Si Nicholas Winton, l’homme qui a organisé l’opération depuis Prague n’avait pas été là, j’imagine que je n’aurais pas survécu », dit-il, rendant hommage à ce héros très discret qui est mort l’an dernier à l’âge de 106 ans.

Une histoire qu’il raconte dans le documentaire militant de la comédienne Vanessa Redgrave, consacré aux réfugiés et présenté mardi soir à Londres.

S’il aime à croire qu’il défendrait les réfugiés même si son histoire personnelle avait été différente, Lord Dubs admet qu’elle a contribué à forger l’homme qu’il est aujourd’hui.

« Même si je fais valoir que cet amendement n’a rien à voir avec mon passé, clairement il y a une charge émotionnelle de ma part », dit-il. Et clairement aussi, « cela a aidé à mettre la pression sur le gouvernement ».

Un gouvernement sur lequel il essaie de continuer d’influer en coulisses pour obtenir qu’il honore sa promesse. Quitte à déballer les sujets qui fâchent sur la place publique en cas d’échec de la voie diplomatique, met-il en garde.

Lord Dubs n’épargne pas non plus le gouvernement français, qui selon lui ne s’est pas montré assez coopératif et a évacué la « Jungle » trop rapidement.

« Je pense qu’ils ont agi sous la pression des élections qui arrivent (en 2017) », dit-il, ajoutant qu’il aurait préféré que les mineurs soient d’abord identifiés avant d’être dispersés aux quatre coins de France. Ou qu’ils soient rassemblés quelque part pas trop loin de Calais.

Mais « j’imagine que les autorités françaises avaient conscience que quoi qu’elles fassent, cela constituerait un aimant pour d’autres enfants », souligne-t-il aussi.

Côté chiffres, Londres comme Paris se montrent très discrets. La ministre britannique de l’Intérieur Amber Rudd se serait engagée, selon des sources proches du dossier, à accueillir 600 mineurs, un chiffre que Paris compte bien atteindre, voire dépasser.

Face à cette loi du silence sur un sujet très délicat politiquement des deux côtés de la frontière, « je sais que quelques centaines viennent », dit Lord Dubs.

« Le processus est en cours, ils viennent et c’est positif », ajoute-il estimant que malgré « la stupidité du Brexit » et le discours anti-immigration qui a surgi au Royaume-Uni avec le débat sur l’appartenance à l’Union européenne, les Britanniques sont dans leur ensemble prêts à ouvrir les bras « au moins à un certain nombre d’enfants réfugiés ». »

Voir en ligne : http://www.euractiv.fr/section/l-eu...