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Crise migratoire : l’inégal accès aux soins en Europe

Publié le 24-11-2016

Source : https://destinationsante.com

Auteur : Laura Bourgault

« La vague migratoire met en évidence le manque de coordination politique et les carences sanitaires affectant les plus vulnérables. Ceux pour qui les priorités du quotidien (logement, alimentation) laissent à la marge les questions de santé. Le point sur le rapport « L’accès aux soins des personnes confrontées à de multiples facteurs de vulnérabilité en santé » publié par Médecins du Monde.

En prise directe avec la précarité sanitaire en Europe, Médecins du Monde (MdM) le confirme : l’accès aux soins sur le vieux continent est inéquitable. Présenté à Bruxelles le 15 novembre, le rapport publié par MdM compile les données sociales et médicales récoltées en 2015 auprès de 9 610 patients, dans 31 villes de 12 pays*.

La quasi-totalité (94,2%) vient de l’étranger. La même proportion vit sous le seuil de pauvreté. Au total, 67,5% des patients ne bénéficient pas d’une couverture médicale, 40,8% manquent d’aides d’interprétariat pour faciliter l’échange pendant les consultations. Et 24,3% rencontrent des difficultés financières. Autres données révélées, sur les 12 mois précédents, 2 personnes sur 10 ont dû renoncer à des soins. « Le refus de consultation n’est pas un phénomène isolé. » Et certaines personnes sans autorisation de séjour n’osent pas passer la porte d’ONG médicales de peur d’être identifiées et renvoyées dans leur pays. Tous ces freins à la consultation persistent alors que la moitié des personnes interrogées souffre de maladies chroniques et/ou aiguës.

Renoncement, refus, rejet

Les violences sont aussi le lot de beaucoup de migrants : 18% ont rapporté des agressions d’origine policière, 15% des sévices sexuels et 26% des atteintes psychologiques. Les femmes enceintes font partie des populations les plus fragilisées. Au total, 4 femmes sur 10 « n’ont pas eu accès à des soins prénataux pendant leur grossesse, avant leur arrivée dans un centre MdM ou autre ».

Pour la cause des mineurs

Chez les moins de 18 ans, 30% des jeunes vus par MdM ne sont pas vaccinés contre le tétanos, 40% ne sont pas immunisés contre la rougeole, les oreillons et la rubéole, et 34,4% contre la coqueluche. Ces résultats corroborent les données publiées ce dimanche 20 novembre par MdM à l’occasion de la Journée internationale des droits de l’enfant. Rapport dans lequel l’ONG dénonce l’absence de prise en charge adaptés des mineurs non accompagnés (MNA) en France.

Depuis le début de l’année 2016, MdM a rencontré plus de 600 MNA dans 20 villes de France d’une moyenne d’âge de 16 ans et originaire à 85% d’Afrique subsaharienne. Le bilan, l’accès à l’aide sociale à l’enfance (ASE) ainsi que le suivi médical et psychologique restent encore insuffisants. Au total 85% des jeunes n’avaient accès à aucune couverture médicale. Plus de 60% d’entre eux n’ont pas de logement et ne sont pas nourris quotidiennement.

Les réponses face à l’exclusion du droit commun

Comme nous le rappellent les différents intervenants présents à Bruxelles lors de la conférence de MdM, les décisions politiques constituent la pierre angulaire d’un équitable accès aux soins. Or aujourd’hui « des murs se construisent dans un contexte de nationalisme », accuse Cécilia Wikstrom, membre du Parlement européen (libertés civiles, de la justice et des affaires intérieures) et présidente de la commission des pétitions.

Entre l’attente liée aux démarches administratives et le non-respect de la dignité, le manque d’inclusion des migrants est réel. « Ces réponses agressives viennent fragiliser des gens déjà impactés par les crises économiques. Elles vont à l’encontre des valeurs de l’Europe », appuie le Dr Nikitas Kanakis, président de Médecins du monde Grèce. Le risque « est celui d’une flambée de xénophobie, d’ores et déjà palpable. L’Europe peut faire plus et mieux ». Preuve en est avec la récente loi votée en Grèce le 20 février 2016, assurant la couverture médicale aux migrants. « Reste à voir comment cette dernière sera appliquée dans ce pays encore fragilisé par la crise économique. Mais ce texte constitue une avancée en soi dans l’aide apportée aux plus vulnérables. »

Pour le Dr Françoise Sivignon, présidente de MdM France. « Les témoignages recueillis auprès des migrants et plus largement auprès des personnes exposées à la précarité sont de plus en plus graves et révèlent une réalité tragique. Il faut clarifier les positions des politiques et nourrir les besoins en prenant en compte la dignité humaine. Ne pas relâcher la dénonciation des manquements politiques en termes d’accueil ». Mais aussi renforcer « la proximité entre citoyens, ONG, gouvernements nationaux et autorités européennes ». »

Voir en ligne : https://destinationsante.com/crise-...