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Démantèlement de la « Jungle » : le sort des mineurs retient toute l’attention

Publié le 17-10-2016

Source  : www.liberation.fr

Auteur  : AFP

« Pour réaliser dans les délais le démantèlement de la « Jungle », le campement de migrants de Calais, les préparatifs se sont intensifiés lundi, avec en exergue le sort des mineurs qu’il faudra soit transférer en Grande-Bretagne, soit héberger en France.

Sur ce dossier parmi les plus importants des derniers mois du quinquennat de François Hollande, le Premier ministre Manuel Valls a discrètement réuni lundi matin les ministres concernés — Intérieur, Justice, Logement et Familles notamment — pour « faire le point sur la préparation de l’opération de démantèlement », a-t-on indiqué à Matignon sans plus de détails.

Les ministres sont revenus sur la situation des mineurs non accompagnés, qui « feront l’objet d’une prise en compte spécifique », avec « pour objectif essentiel de ne pas les laisser dans la situation très dégradée » qu’ils connaissent aujourd’hui.

Le sort de ces jeunes constitue le noeud gordien du démantèlement à venir, au-delà même de l’action en justice intentée par certaines associations devant le tribunal administratif de Lille, dont le résultat est attendu en début de semaine.

Du côté de l’hébergement, un total de « 7.254 places » avait été identifié à la mi-octobre dans les Centres d’accueil et d’orientation (CAO). Un chiffre « supérieur à celui de la totalité des migrants » à évacuer, qui seraient 6.500 au maximum « en comptant très large », selon le mémoire présenté par les services de l’Etat au tribunal administratif de Lille et que l’AFP a pu consulter.

Ces chiffres vont dans le sens d’un démantèlement rapide, souligne une source proche du dossier, prédisant qu’« à partir du 24 les opérations commencent », un objectif confirmé par d’autres sources.

- Liste des mineurs -

Il faudra d’ici là avoir tranché sur les quelque 1.300 mineurs recensés sur le campement, dont 500 affirmant avoir de la famille au Royaume-Uni.

Les négociations, sur ce point, s’avèrent complexes. Une semaine après un déplacement à Londres, qu’il avait appelé à assumer son « devoir moral », Bernard Cazeneuve « devait avoir une nouvelle fois son homologue britannique Amber Rudd au téléphone lundi soir », indique-t-on au ministère de l’Intérieur.

Déplorant à mots couverts les lenteurs de la bureaucratie française, celle-ci avait réclamé une liste des mineurs et mis l’accent sur « les moins de 12 ans ».

Des déclarations qui font grincer des dents côté français, alors que la majorité des mineurs de Calais sont de grands adolescents.

La fameuse liste a été remise aux Britanniques en fin de semaine dernière et, signe peut-être d’un déblocage, 14 mineurs devaient retrouver leur famille lundi au Royaume-Uni, et une dizaine mardi.

Ces jeunes Syriens ou Afghans ont pu bénéficier de l’accord européen de Dublin prévoyant qu’un mineur peut voir sa demande d’asile examinée dans le pays où il a de la famille.

Combien suivront ? Amber Rudd avait estimé la semaine dernière que 300 serait « un très bon résultat ». Pour les autres, il faudra trouver des solutions en France.

- « Zone tampon » -

Selon le mémoire des services de l’Etat, « un processus spécifique » a été mis en place entre Français et Britanniques pour assurer « un traitement rapide » des dossiers, « une fois le démantèlement commencé ».

« Pendant la durée de cet examen, les mineurs seront mis à l’abri au sein du CAP », le Centre d’accueil provisoire ouvert dans des conteneurs sur la « Jungle », et qui servira de « zone tampon ».

Pour les mineurs ne souhaitant pas gagner la Grande-Bretagne, « 550 places » sont déjà réservées « dans des centres dédiés » comprenant « un accueil adapté aux mineurs », notamment en termes d’encadrement. Ils y resteront « le temps d’être orientés » et pris en charge par les départements, compétents pour l’aide sociale à l’enfance, ajoute le document.

« Les structures sont saturées », assure-t-on cependant à l’Assemblée des départements de France, en déplorant « la précipitation » du processus et le coût annuel de 50.000 euros pour l’accueil d’un mineur non accompagné.

Mais à terme, les installations en dur ont peu de chances de perdurer : « le gouvernement ne veut pas maintenir des installations sur place par crainte d’un appel d’air », assure un bon connaisseur du dossier.  »

Voir en ligne : http://www.liberation.fr/societe/20...