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"Jungle" de Calais : le gouvernement s’efforce de désamorcer les critiques

Publié le 11-10-2016

Source : http://tempsreel.nouvelobs.com

« Paris (AFP) - Le gouvernement s’est efforcé mardi de désamorcer les critiques virulentes surgies à l’approche du démantèlement de la "Jungle" de Calais, en réaffirmant son objectif d’une opération "humanitaire", sans forcément convaincre les associations d’aide aux migrants à l’origine de la fronde.

Cette opération est "un impératif humanitaire", qui "tiendra compte de la situation de chacun" pour "lui proposer une solution de mise à l’abri adaptée et un chemin vers l’asile", ont déclaré les ministres de l’Intérieur et du Logement à l’issue d’une rencontre à Paris avec les associations d’aide aux migrants de Calais (Pas-de-Calais).

Bernard Cazeneuve et Emmanuelle Cosse ont rappelé que le démantèlement s’inscrivait "dans la continuité du travail intense" conduit "par les services de l’Etat et les associations", avec qui ils souhaitent travailler "en étroite concertation".

Des termes mesurés qui ne rendent que partiellement compte d’un ton assez tendu en début de réunion, selon plusieurs participants.

C’est que la rencontre s’était ouverte sur fond de critiques virulentes, Emmaüs ayant demandé lundi soir "le report du démantèlement" du campement de migrants, tandis qu’un responsable du Secours catholique dénonçait une "opération sécuritaire" et une "chasse aux exilés".

Le ministère de l’Intérieur s’était immédiatement "étonné" de ces propos, tandis qu’Emmanuelle Cosse a appelé mardi à éviter la "polémique" et "les paroles tonitruantes", dans un contexte où certains "jouent à la fronde contre l’Etat et aux manifestations anti-migrants".

- "Après-démantèlement" -

Même si deux ONG seulement ont émis ces critiques, elles font partie de celles qui avaient attaqué l’Etat en justice en début d’année pour empêcher, en vain, le démantèlement de la zone sud du campement calaisien. Et cette hostilité tombe mal, alors que les autorités doivent déjà déminer des problématiques complexes sur la mobilisation de places d’hébergement en régions ou l’orientation des mineurs isolés, à l’issue du démantèlement de ce camp insalubre comptant entre 7.000 et 10.000 personnes (selon les comptages).

A l’origine des inquiétudes des associations, la situation des mineurs isolés et la rapidité du démantèlement à venir, difficilement compatible selon elles avec une opération respectueuse des droits.

Sur le premier point, les ministres "partagent pleinement" la préoccupation des ONG et les mineurs non accompagnés "se verront proposer une orientation adaptée à leur situation, au Royaume-Uni ou en France", affirment-ils.

Pour les associations cependant "la cerise sur le gâteau a été d’apprendre après coup le projet de disparition des centres en dur", conteneurs et accueil de jour qui abritent notamment les publics vulnérables, explique à l’AFP Laurent Giovannoni, responsable de l’accueil des étrangers au Secours catholique, que la réunion de mardi "n’a pas suffi à rassurer".

De source proche du dossier, on précise qu’"on va aller au bout du démantèlement" avec certes un objectif de fermeture des structures existantes mais aussi la mise en place "d’autres dispositifs d’accueil".

Du côté du gouvernement, on souligne que pour faciliter la "concertation" avec les associations, une "mission d’élaboration d’un diagnostic partagé" a été confiée à deux médiateurs, Jean Aribaud et Jérôme Vignon, auteurs d’un rapport sur la situation migratoire à Calais en 2015. Cette mission devra aussi "travailler avec les associations sur les dispositifs qui seront mis en place pour l’après-démantèlement", ajoutent les ministres.

"On n’est pas rassurés", a réagi auprès de l’AFP le président d’Emmaüs France Thierry Kuhn, pour qui "aucun réponse satisfaisante n’a été apportée en termes de calendrier, notamment sur la date du 17 octobre" évoquée par le Défenseur des droits pour le début de l’opération.

"Il n’y a pas de réponses pour les personnes qui ne voudront pas aller en Centre d’accueil et d’orientation et ne veulent pas demander l’asile" en France, a-t-il ajouté, sans exclure totalement l’idée d’un nouveau recours en justice qui fera l’objet de "discussions" avec d’autres associations. »

Voir en ligne : http://tempsreel.nouvelobs.com/soci...