InfoMIE.net
Informations sur les Mineurs Isolés Etrangers

Accueil > Actualités MIE > Mineurs isolés : une expérience originale d’accueil en Loire-Atlantique

Mineurs isolés : une expérience originale d’accueil en Loire-Atlantique

Publié le 1er-09-2016

Source : La Croix

Auteur : Florence Pagneux

« Depuis quelques mois, le département de Loire-Atlantique expérimente l’accueil de mineurs isolés étrangers chez des particuliers bénévoles. Jean et Catherine font partie des premiers à s’être lancés.
Quand ils ouvrent leur porte au visiteur, Jean et Catherine sont accompagnés de Dizma, comme s’il s’agissait du fils de la famille (1). Difficile d’imaginer que cet adolescent au regard doux, qui vient juste de fêter ses 16 ans, a fui seul la Guinée-Conakry l’an dernier et vécu plusieurs nuits dehors, puis dans un squat à Nantes. Après avoir été pris en charge par le département, responsable de la protection de l’enfance, il a été hébergé à l’hôtel. « C’est bien quand il n’y a pas d’autre solution, mais sinon, c’est embêtant », commente-t-il dans un français de moins en moins hésitant. Depuis février 2016, il vit à plein-temps chez le couple nantais après y avoir passé plusieurs week-ends. « J’avais du mal à le voir repartir, raconte Catherine, 61 ans, qui travaille dans le développement durable. Désormais, il est ici au moins jusqu’à sa majorité. »

En Loire-Atlantique, onze familles ont répondu à l’appel du département pour offrir un accueil bénévole et de longue durée à un mineur isolé étranger (2). « Nos dispositifs ne sont pas adaptés pour faire face à l’afflux de mineurs non accompagnés, explique Philippe Grosvalet, président du Conseil départemental de Loire-Atlantique, qui prend actuellement en charge 415 de ces mineurs. Dans ce contexte, nous devons faire preuve d’innovation en appelant à la générosité citoyenne. » Une expérience unique en France à cette échelle. Les mineurs sont suivis par des travailleurs sociaux, mais vivent au quotidien dans une famille. « Chez l’habitant, ces jeunes découvrent de l’intérieur notre pays, sa langue et son mode de vie », souligne Fabienne Padovani, vice-présidente du département en charge des familles et de la protection de l’enfance.

« Cela aide à vieillir moins bête »

Les mineurs concernés ont généralement entre 14 et 16 ans et sont déjà engagés dans un parcours scolaire. Dizma, lui, n’a pas pu faire sa rentrée. « On a fait des pieds et des mains pour lui trouver un apprentissage mais aucun patron n’a répondu présent, regrette Jean, 67 ans, fonctionnaire à la retraite et bénévole aux Restos du Cœur. On espère qu’il va bientôt intégrer une classe intermédiaire entre scolarité et apprentissage. » Ces parents de quatre grands enfants, qui ont tous quitté la maison, veillent sur l’adolescent avec humour et bienveillance. « Au début, son arrivée nous a un peu déstabilisés, reconnaît Jean. Alors que je passais beaucoup de temps à marcher ou faire du vélo, j’ai eu l’impression de n’avoir plus le temps de rien faire. »

Lessives qui tournent plus souvent, repas à préparer, sorties à organiser, le quotidien du couple a pris un nouveau relief. « Cela aide à vieillir moins bête », sourit Catherine, qui a même accompagné Dizma à un festival de hip-hop, équipée de bouchons d’oreilles… « En accueillant Dizma chez nous, on a l’impression d’être un peu utile. Ce sera à lui, plus tard, de faire quelque chose pour les autres. » »

Voir en ligne : http://www.la-croix.com/France/Immi...