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Dunkerquois : ils fuient leur pays, direction l’Afeji

Publié le 12-08-2016

Source : L’Indicateur des Flandes

Auteur : Baptiste Lamps

« La structure accueille dans son antenne wormhoutoise des migrants mineurs non accompagnés. La fin d’un périple qui en traumatise plus d’un.

Ils sont une cinquantaine à avoir été recueillis par les antennes du Dunkerquois. « Nous étions à 25, mais avons relevé ce chiffre depuis le 1er juin pour répondre aux attentes du Conseil départemental. Nous sommes aujourd’hui à 51 », précise Sébastien Livenais, le directeur du site de Wormhout.

C’est sur ses terres que nous avons rencontrés Karamba, Mamadoubobo et Mickaël. Trois migrants de 16 ans, aux parcours et ambitions différents, mais qui affichent la même volonté de remonter la pente et de montrer de quoi ils sont capables. Les deux premiers viennent de Guinée et ont fui leur pays à cause d’un frère qui les persécutait. « Ma mère était chrétienne et mon père était musulman. Moi, j’avais choisi d’être chrétien. Ça ne posait pas de problème, mais lorsque mon père est décédé, un fils de mon père a menacé de me frapper et de me chasser si je ne changeais pas de religion, expose Mamadoubobo. Il l’a fait violemment une première fois ; alors je me suis réfugié chez mon oncle et je lui ai demandé de m’aider à quitter le pays. »
Mickaël avait tourné le dos à la Côte d’Ivoire dès 2011 (violences post-élections), direction le Mali. « Je gagnais un peu d’argent en aidant des maçons à construire des maisons, mais la nuit, je devais dormir dans une gare, raconte-t-il. La drogue circulait, ça dealait beaucoup. Heureusement, par la grâce de Dieu, je n’ai pas fumé. Mais je voulais sortir de ça… »

Des voyages qui font froid dans le dos

L’Ivoirien a pris une embarcation depuis le Maroc et rallié l’Espagne. « Nous étions 54 dessus, chiffre-t-il. Quand tu es sur l’eau, autour de toi, il n’y a plus rien, c’est un désert. Tu as l’impression que tu es déjà mort. » Ce passage à trépas, Karamba l’a vu d’un peu plus près encore. « Je suis allé de Libye en Italie. Nous n’étions pas sur un bateau, mais sur une pirogue. À 147. Quand on a vu le grand bateau venir vers nous, tout le monde s’est levé et deux personnes ont été piétinées et ont perdu la vie », revoit-il.
« Pour beaucoup, cette expérience a été traumatisante, confie Sébastien Livenais. Il y a des jeunes qui crient la nuit. On sollicite donc les psychologues de la maison d’enfants (MECS : Maisons d’enfants à caractère social, intégrées à l’Afeji de Wormhout, ndlr). » Mamadoubobo a survolé ce cauchemar en utilisant un vol jusque Paris grâce à son oncle et à un visa de tourisme. Mais c’est là que la galère a commencé. « J’y suis arrivé en janvier 2015 et j’ai dormi trois mois dans la rue, souffle le Guinéen. Je n’ai pu m’en sortir que grâce à un Marocain vendeur de kebabs qui me donnait à manger. Il a même fini par m’aider à prendre le train vers Lille. Là-bas, j’ai passé une évaluation dans un organisme, rallié un collectif et, finalement, été placé par une juge à Dunkerque. »

Leur protection, une obligation

Plus d’une année s’est écoulée depuis son arrivée en France et Mamadoubobo atterrit à l’Afeji. Nous sommes en mai 2016. « La loi française oblige l’État à protéger les mineurs sur son territoire, décrypte Sébastien Livenais. Quand ils arrivent en France, ils sont reçus par le Département et placé par un juge pour être mis à l’abri. »
Karamba et Mickaël ont emprunté un autre chemin, mais ont aussi été placés dans le Dunkerquois. Le premier est accompagné de son cousin, Algérien, qui l’a aidé à quitter l’Afrique. Le second a traversé le détroit de Gibraltar avec un ami. Mais depuis qu’ils ont été séparés à leur arrivée en Espagne, il n’a plus eu de nouvelles…
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Voir en ligne : http://www.lindicateurdesflandres.f...