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Mathilde aide les réfugiés de Calais à faire valoir leurs droits

Publié le 28-07-2016

Source : Jactiv - Ouest-France

Auteur : Moran Kerinec

« Avocats bénévoles et étudiants en droit, ils sont à Calais pour appuyer l’association la Cabane juridique qui fournit un soutien pénal aux migrants de la "Jungle". Élève à Science Po Lille, Mathilde Albert s’y est rendue au mois de juin.
Fondée début 2016 l’association accueille chaque mois dix à quinze volontaires qui offrent leur savoir en droit aux réfugiés. Parmi eux, Mathilde Albert une Rennaise de 22 ans.
La "Jungle", la jeune femme en a pris le pouls tout le mois de juin. Après un an au Mexique, l’étudiante qui souhaite se spécialiser dans le droit des réfugiés cherchait à se confronter à la réalité du terrain. « Je voulais voir ce qui se passe au sein de mon pays » explique-t-elle. Résultat ? Elle a été témoin d’une situation qui « la révolte et l’indigne », choquée par « un manquement des droits de l’Homme au pays qui les a édictés ».
Subventionnée par un financement participatif, l’association la Cabane juridique est organisée en deux pôles. Le premier nommé "Violence" se consacre aux brutalités policières ou civiles exercées sur le camp. Ces témoignages, la Cabane juridique les transforme en plaintes et les amène devant les tribunaux. « Même si toutes ne donnent pas suite, être écoutés aide les migrants ».
Mathilde s’est elle consacrée à la deuxième branche de l’association : "Asile" qui aide les migrants à s’informer sur leurs droits et les accompagne dans leurs demandes d’asile en France. « Les institutions sont déjà en place à Calais. On fait juste de l’information car les réfugiés ne connaissent pas leurs droits. »

540 enfants seuls sur la "Jungle"

Ce mouvement s’attelle aussi à la complexe tâche de s’occuper des mineurs isolés. « Au dernier recensement en juin il y avait 540 enfants seuls sur la "Jungle" » précise Mathilde. « Il faut comprendre que ce sont des mineurs qui n’ont pas de famille. Ni sur la "Jungle", ni dans les alentours de Calais. Ils cherchent à rejoindre leurs proches en Angleterre ». Pour les aider, les volontaires de la Cabane juridique entament en leur nom des procédures de rapprochement familial.
Une démarche qui peut être moralement dure à exercer tous les jours. Un matin en descendant de la voiture, la jeune femme s’est fait fait aborder par un enfant de six ans tout juste arrivé d’Afghanistan. « Sans manteau, sans chaussure » décrit-elle . « Il m’a demandé “voilà, je viens d’arriver aujourd’hui, et maintenant je vais où ?” Aller à la préfecture avec un enfant, c’est marquant. »
Chaque jour, les juristes volontaires de la Cabane passent trois heures sur la "Jungle", « pour des raisons de capacités physiques et de moyens. On ne peut pas suivre tout le monde » regrette la future juriste. Le reste de la journée, les bénévoles travaillent sur les dossiers des réfugiés et prennent rendez-vous avec la préfecture ou la plateforme d’accueil des demandeurs d’asile. Des démarches longues, plusieurs mois sont parfois nécessaires avant d’obtenir une réponse de l’administration.
Pourtant, « malgré tout le mal qui est dit sur les réfugiés, malgré la précarité et les situations difficiles, il y a beaucoup de solidarité ». Mais cette vision est vite tempérée par une autre réalité, celle d’un moral constamment en berne chez les réfugiés, confrontés chaque jour à la violence : « on découvre au quotidien des gens qui sont plus des ombres que des personnes ».
 »

Voir en ligne : http://jactiv.ouest-france.fr/ils-s...