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Avec 65,3 millions de déracinés fin 2015, la planète bat un nouveau record

Publié le 20-06-2016

Source : Le Monde

Auteur : Maryline Baumard

« Pour la première fois, fin 2015, le seuil des 60 millions de personnes déracinées a été franchi. Ce sont 65,3 millions qui ont quitté leur foyer, chassés par les conflits et les persécutions, s’inquiète le rapport annuel du Haut Commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR), rendu public lundi 20 juin. L’augmentation a été importante en un an puisque, fin 2014, ils étaient 59,5 millions. Ces 65,3 millions représentent l’intégralité de la population française, ou un être humain sur 113.
Le groupe se compose des 21,3 millions de réfugiés que compte désormais le monde, auxquels s’ajoutent 3,2 millions de demandeurs d’asile en attente de traitement de leur dossier dans les pays industrialisés, et 40,8 millions de personnes déplacées au sein de leur propre pays.

Ce record s’explique par la multiplication des conflits. A ceux qui durent depuis des décennies, comme en Somalie ou en Afghanistan, s’ajoute en 2015 l’impact important de situations plus récentes, comme la guerre en Syrie (qui dure depuis plus de cinq ans), ainsi que celles du Soudan, du Yémen, du Burundi, de l’Ukraine, ou de République centrafricaine. Par ailleurs, le rythme d’intégration des réfugiés et des personnes déplacées internes est en chute depuis la fin de la guerre froide, ce qui ne contribue pas à faire baisser le nombre de déracinés.

La Syrie en tête des pays les plus fuis

Le Haut Commissaire des Nations unies pour les réfugiés, Filippo Grandi, s’appuie d’ailleurs sur la sortie du rapport pour faire une nouvelle fois part de ses craintes. « Davantage de personnes sont déracinées par la guerre et la persécution, c’est déjà inquiétant en soi, mais en plus, les facteurs menaçant les réfugiés se multiplient », déclare-t-il, insistant sur le fait qu’« un nombre terrifiant de réfugiés et de migrants décède en mer chaque année » et qu’« à terre, les personnes fuyant la guerre ne peuvent poursuivre leur voyage car les frontières sont fermées. Des politiques se dressent contre l’asile dans certains pays. »

Avec ses 4,9 millions de personnes chassées, la Syrie arrive en tête des pays les plus fuis. L’Afghanistan vient ensuite avec 2,7 millions, et la Somalie avec 1,1 million. A eux trois, ces pays produisent la moitié des réfugiés à travers le monde. Pour les déplacés internes, c’est la Colombie qui décroche le triste record avec 6,9 millions, suivi de la Syrie avec 6,6 millions et de l’Irak avec 4,4 millions. En 2015, c’est le Yémen qui a généré le plus grand nombre de nouveaux déplacés internes.
Alors qu’ils se pensent exclusivement terre d’accueil, les pays du Vieux Continent ont aussi produit quelque 593 000 réfugiés – originaires d’Ukraine pour la plupart, puisque les chiffres fournis par Kiev font état de 1,6 million d’Ukrainiens déplacés internes – et en ont accueilli 4,4 millions. Ce chiffre comprend le gros million de réfugiés et de migrants arrivés en 2015 dans l’Europe des 28, auxquels s’ajoutent les 2,5 millions de réfugiés installés en Turquie.

183 déracinés pour 1000 habitants au Liban

En effet, 86 % des déracinés trouvent asile dans des pays à faible et moyen revenu, à proximité des situations de conflit, et la Turquie arrive au premier chef en 2015, comme les années précédentes. C’est même le plus important pays hôte au monde. Si l’on calcule en pourcentage de la population autochtone, c’est en revanche le Liban qui a accueilli le plus de réfugiés avec 183 pour 1000 habitants. L’Allemagne arrive en tête pour les demandes d’asile, avec 441 900 dépôts de dossiers, loin devant les Etats-Unis et leurs 172 700 dossiers.
Compte tenu de l’état du monde, seuls 201 400 réfugiés ont pu retourner dans leur pays d’origine en 2015. Le nombre des admis à une réinstallation n’a, lui, été que de 107 100, et moins de 32 000 réfugiés ont pu être naturalisés au cours de l’année, dont une majorité au Canada. Autant de données qui gonflent le groupe des déracinés.
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