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Ces réfugiés mineurs exploités

Publié le 16-06-2016

Source : Le Parisien
Auteur : Louise Colcombet

«  Une étude inédite dévoile les terribles conditions de vie des réfugiés mineurs en France, bien souvent réduits aux pires extrémités pour survivre.

Ils seraient environ 500,d’après les associations, autour de Calais et de Dunkerque — des mineurs de toutes nationalités qui échouent seuls dans les bidonvilles de la région, aux portes de leur rêve anglais. Durant quatre mois, une équipe de chercheurs est allée à leur rencontre et dresse un constat sans appel : souvent à court d’argent en fin de parcours migratoire, ces garçons et ces filles forment une population particulièrement vulnérable, exploitée par les passeurs, et ignorante de ses droits, faute d’intervenants sociaux.

Hermétisation de la frontière oblige, traverser la Manche n’a jamais été aussi risqué... ni aussi coûteux : de 5 000 € à 7 000 € par personne. Somme qui s’ajoute au « droit d’entrée » exigé par les passeurs pour accéder aux bidonvilles qu’ils contrôlent (de 100 € à 500 € selon les sites). « Ce qui frappe, ce sont les enjeux monétaires, plus forts qu’ailleurs », détaille Olivier Peyroux, l’un des trois sociologues qui ont mené l’étude pour le compte de l’Unicef : « Tout se paie, rien n’est gratuit. Sauf à prendre des risques énormes, ces mineurs n’ont d’autre choix que de travailler pour financer leur voyage. »

Pour obtenir la « protection » d’un adulte, « quasi obligatoire pour survivre dans les bidonvilles », poursuit Olivier Peyroux, les mineurs sont employés pour la corvée d’eau, le ménage, font la queue aux douches pour le compte d’un adulte, quand ils ne revendent pas au marché noir vêtements et nourriture reçus lors des distributions. « Ils sont également poussés à voler, poursuit le sociologue, et sont utilisés par les passeurs pour faire leurs courses, surveiller les aires d’autoroute et ouvrir les portes des camions. »

« Les abus sexuels sont monnaie courante. C’est ainsi la crainte numéro un des jeunes Afghans », raconte Olivier Peyroux. Une crainte qui fait écho à la pratique du batcha boz, une forme de pédophilie répandue en Afghanistan qui touche les garçons prépubères, jusque dans les camps. En février dernier, un viol collectif d’une vingtaine de mineurs aurait d’ailleurs eu lieu à Calais. Les jeunes filles ne sont évidemment pas épargnées : Erythréennes et Ethiopiennes subissent elles aussi les assauts des passeurs ou se prostituent dans les bars de la « jungle ».

Le chercheur appelle « les pouvoirs publics à mettre en place de nouveaux dispositifs en matière de protection de l’enfance et de traite des êtres humains, comme c’est en partie le cas au Royaune-Uni ». »

Voir en ligne : http://www.leparisien.fr/faits-dive...