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Traite des êtres humains : « Comme pour tout marché, il faut une demande »

Publié le 11-05-2016

Source : www.europarl.europa.eu

« 70 % des victimes de traite des êtres humains identifiées en Europe sont des ressortissants de l’Union. La traite constitue un crime grave et une violation des droits de l’homme qui touche en majorité les femmes et les filles. Jeudi 12 mai, les députés formuleront leurs recommandations sur la mise en œuvre de la directive sur la traite des êtres humains et la protection des victimes. Nous avons rencontré la rapporteur, la députée libérale britannique Catherine Bearder.

Malgré les efforts de l’Union européenne pour lutter contre la traite des êtres humains, le phénomène ne parvient pas à être éradiqué et serait même en hausse selon certaines estimations. Pourquoi ?

J’aimerais bien connaître la réponse à cette question. Nous disposons de meilleures informations à destination du public, d’une technologie plus développée et notons une meilleure coopération entre les forces policières. Pourtant, j’imagine que comme pour tout marché, il faut une demande.

Nous avons fait d’énormes progrès il y a cinq ans avec la directive sur la traite des êtres humains, mais nous ne disposons toujours pas de certaines données et il a fallu un certain temps aux États membres pour mettre en œuvre la législation – certains ne l’ont toujours pas fait. J’espère que ce rapport donnera un nouvel élan aux travaux sur la directive.

La traite des femmes a surtout pour but l’exploitation sexuelle. Quelles mesures concrètes les États membres devraient-ils prendre afin de réduire la « demande » ?

En matière de prostitution, les pays européens ont différentes approches qui mènent à des résultats différents : le modèle nordique pénalise par exemple le client, alors que le modèle germano-néerlandais légalise la prostitution. Ce rapport ne comporte pas de recommandations particulières à ce sujet, mais j’estime que le fait d’utiliser sciemment une victime de traite devrait être considéré comme une infraction.

L’industrie du sexe doit faire l’objet d’un débat, même si elle n’est pas exclusivement liée à la question de la traite. Dans ce rapport, nous souhaitons nous pencher sur toutes sortes de victimes.

Dans le contexte actuel de la crise des réfugiés et de la hausse du trafic de migrants, quelle devrait être la nouvelle stratégie de la Commission ?

Nous devons faire très attention à ne pas mêler les deux problématiques. Les passeurs ne sont pas forcément des trafiquants, mais les personnes qui arrivent en Europe par le biais de passeurs ont davantage de risques de tomber aux mains de trafiquants. Les mineurs non accompagnés sont particulièrement vulnérables : ils peuvent être liés au trafic sexuel, à la petite délinquance, etc.

Ce qui est particulièrement triste, c’est que la plupart des victimes sont identifiées comme telles dans un autre contexte. Très peu sont sauvées : ou elles s’échappent, ou elles sont arrêtées pour d’autres crimes. La grande majorité de ces personnes sont identifiées une fois en garde à vue ou en cours d’expulsion. »

Voir en ligne : http://www.europarl.europa.eu/news/...