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Suisse - Le casse-tête de la scolarisation des migrants adolescents

Publié le 20-03-2016

Source : www.24heures.ch

Auteur : Marie Nicollier

« L’arrivée massive d’adolescents, venus en majorité d’Erythrée et d’Afghanistan, met sous pression tout le dispositif vaudois de formation. Le nombre de mineurs non accompagnés (MNA) vivant dans le canton ne cesse d’augmenter : une cinquantaine au printemps 2015, 250 fin novembre et 320 aujourd’hui. Un 2e foyer d’accueil pour MNA a ouvert en urgence au mois de septembre.

Scolariser les centaines de jeunes requérants d’asile qui arrivent sur le sol vaudois relève du casse-tête pour les autorités. Le dispositif est saturé et les étrangers en subissent les conséquences dès leur plus jeune âge. La loi prévoit que les enfants de moins de 15 ans soient pris en charge par l’école obligatoire. Pourtant, l’Etablissement vaudois d’accueil des migrants (EVAM) a confirmé à 24 heures que, fin février, quatre mineurs de moins de 15 ans suivaient les cours de français pour débutants proposés par l’institution. Ils sont deux aujourd’hui. « A notre connaissance, il s’agit d’une solution temporaire et transitoire, réagit Michael Fiaux, porte-parole du Département de la formation (DFJC). Par principe, tous les mineurs de moins de 15 ans sont intégrés à l’école dès leur installation, selon le lieu où ils vivent. »

La porte-parole de l’EVAM, Evi Kassimidis, évoque elle aussi une situation exceptionnelle et temporaire. « C’est une question de semaines. Comme ces jeunes ne parlent souvent pas français, il faut leur trouver une place dans une classe d’accueil de l’école obligatoire. En attendant cet enclassement et pour éviter qu’ils soient désœuvrés, nous les intégrons de façon prioritaire dans nos formations. »

Pour faire face à l’afflux migratoire, l’EVAM a ouvert aux mineurs ses cours pour adultes. Les moins de 18 ans sont désormais majoritaires dans certaines classes. Faute de place, les adultes attendent leur tour. « Tous les nouveaux arrivants adultes susceptibles de suivre des cours de français sont sur liste d’attente », confirme Evi Kassimidis. Sur le terrain, des professionnels s’inquiètent. Ils jugent insuffisante une prise en charge limitée à huit ou neuf heures de cours de français par semaine pour des jeunes souvent non accompagnés, peu scolarisés dans leur pays d’origine, psychologiquement fragiles après des mois d’errance et plus ou moins encadrés dans leurs foyers. « L’école obligatoire et post­obligatoire va devoir impérativement se donner les moyens nécessaires pour assumer sa mission », réagit Anne Dentan, présidente de l’Association vaudoise des enseignants en structures d’accueil.

Plein de tous les côtés

Si les moins de 18 ans ont envahi les bancs de l’EVAM, c’est que le système peine à leur faire une place ailleurs. Pour les plus de 15 ans, c’est l’Organisme pour le perfectionnement scolaire, la transition et l’insertion professionnelle (OPTI) qui entre en jeu. Problème : il est surchargé lui aussi. « Il y a un net accroissement des mineurs dans les structures EVAM car ces personnes attendent d’être prises en charge chez nous mais nous sommes en déficit de places, constate Etienne Corbaz, responsable cantonal des classes d’accueil de l’OPTI. Les structures publiques mettent du temps à s’adapter mais une solution sera trouvée pour la rentrée du mois d’août. »

L’ouverture de nouvelles classes est en effet annoncée. Une autre mesure a d’ores et déjà été prise à l’OPTI : la semestrialisation des admissions, auparavant gelées pendant toute une année. Dans les milieux éducatifs, certains trouvent ce délai encore trop long. Ils s’inquiètent du sort des étrangers se retrouvant sans autre solution que des cours EVAM jusqu’au mois d’août. Pour le DFJC, il n’y a pas de quoi s’alarmer. « Il n’y a plus d’engorgement à notre connaissance grâce à l’ouverture au semestre », rapporte Michael Fiaux.

« Les besoins sont couverts à l’heure actuelle, même si nous ne garantissons pas que les jeunes peuvent intégrer l’école le lendemain de leur arrivée, ajoute Séverin Bez, directeur général de l’Enseignement postobligatoire. Ils doivent parfois se reconstruire psychologiquement, apprendre les bases du français. Nous ne sommes pas à une semaine près. Plutôt viser les bonnes mesures que les « caser » à tout prix, tout de suite. » Il convient que le dossier soit « chaud » et explique avoir intensifié les partenariats pour y faire face. « Nous avons initié une politique commune avec l’EVAM depuis trois mois pour placer ces jeunes dans le meilleur endroit, que ce soit l’OPTI, le gymnase ou dans une filière de préapprentissage. » (24 heures) »

Voir en ligne : http://www.24heures.ch/vaud-regions...