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Publié le 14-03-2016
Source : http://www.lavoixdunord.fr
Auteur : PATRICK SEGHI
« Quelques mineurs étrangers, qui campent aux Olieux, ont profité de la journée portes ouvertes (ce samedi matin, 12 mars) pour découvrir le lycée Baggio. Un premier pas vers la reconnaissance de leur droit à la scolarisation ?
Ils sont une vingtaine. Intimidés. Le rêve à portée de main. Le lycée Baggio leur tend les bras. Ce samedi 12 mars, les portes sont ouvertes à tous. Le petit groupe, composé de mineurs étrangers isolés (MIE) du jardin des Olieux (nos éditions précédentes), franchit la grille. S’engouffre. Certains sont en ébullition. D’autres déjà noyés dans la masse des lycéens.
L’espoir suscité est énorme. Tous marchent sur des œufs, tendus, accompagnants et administration. « Nous désirons tellement aller à l’école », résume R., 17 ans. Lui campe depuis trois mois aux Olieux. Se souvient de sa Guinée natale. De son passage en Côte-d’Ivoire où il a appris le français. Du décès de son père. De l’arrêt brutal de sa scolarité en 2006. « Un profond regret ».
Depuis son arrivée à Lille, il bénéficie de cours dispensés le lundi par des bénévoles. « Parfois, on est cinquante. Parfois, moins… » Un pis-aller. Interrogé, le jeune homme lâche qu’il n’a « rien mangé aujourd’hui ». C’est vrai, c’est samedi. Le foyer Ozanam est fermé.
Informel
Jean-Marie Trapani, le proviseur, est légèrement embarrassé. Sur sa porte, une affiche : « Fraternels, libres et égaux ». L’entrée en matière est aussi directe que la rencontre du jour est « informelle » pour les distraits. Rien n’est acté. Une visite de courtoisie. Pour autant, l’administration scolaire est en mesure d’offrir des réponses rapides. Par le Greta, centre de formation et d’alphabétisation continue, par un dispositif d’accueil des migrants qui lutte contre le décrochage scolaire. Par l’investissement de quelques professeurs alertés. « Des moyens humains et financiers peuvent être envisagés », glisse le proviseur. La seule certitude veut que la visite du jour ne soit pas que le fruit du hasard. Les lignes commencent-elles à bouger ? Après tout, l’école est un droit jusqu’à 18 ans et une obligation jusqu’à 16. Voilà pour la théorie. En pratique, ces enfants sont pris entre le marteau et l’enclume. L’indécision qui pèse sur leur statut (mineur ou majeur ?), les multiples évaluations, leur ferment les portes de l’école ou de la formation. Alors qu’il s’agit d’une étape favorisant leur régularisation. L’envie d’apprendre rejaillit. L’évocation de petits métiers, un futur qui se rêve meilleur… Peut-être passera-t-il par les portes de Baggio ? »
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