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Bénévoles à Calais : « Il faut réveiller les âmes »

Publié le 15-02-2016

Source : http://www.ouest-france.fr

Auteur : Anne KIESEL

«  Leurs deux paroles se bousculent, se complètent. Julie et Gaëlle, revenues de quelques jours dans la Jungle, sont bouleversées par ce qu’elles ont vu et par la menace de la destruction.

C’est insupportable d’imaginer que la moitié sud du camp de Calais sera détruite, comme l’annonce la préfète. C’est cette partie qui est la plus conviviale, c’est là que s’est créé un début de vie sociale. Il y a une rue, il y a des restaurants, tout cela fabriqué avec des palettes. Les migrants manquent de tout : d’outils, de bois... Les maisons les plus solides et les plus étanches sont réservées aux familles. Les écoles sont incroyables : c’est inimaginable de voir ce qu’ils peuvent donner pour la collectivité.

Par contre, les conteneurs qui ont été installés dans le nord sont beaucoup plus compliqués pour les migrants : ils sont 12 par conteneur, ils ne choisissent pas avec qui ils sont hébergés, les familles sont séparées, les femmes d’un côté les hommes de l’autre. S’ils ne se présentent pas pendant deux jours de suite, l’accès leur est refusé, c’est entouré de grillages...

Dans le camp, les communautés se sont regroupées. L’entrée sud est aussi celle de toute l’organisation des bénévoles. 4 500 personnes vivent dans la Jungle à Calais, et 3 000 au camp de Grande-Synthe.

Nous avons trouvé de la beauté dans cette crasse, de l’humanité dans cette inhumanité. Ils ont construit avec leur force de leur croyance dans la vie. Et on veut détruire ça !

Dans le camp, on est passé de 90 % de tentes à environ 10 %. Le reste est en bois. Plein de petites cabanes construites par les volontaires et par les migrants. L’association Utopia, que nous avons rencontrée là-bas, a fait évoluer ses objectifs. La nourriture, ça fonctionne, les vêtements aussi ; les habitations ça commence à être bon. Ils ont décidé de se focaliser sur l’hygiène du camp, les sanitaires et les toilettes. Il y a des déchets de six mois ou d’un an. Comment peut-on faire vivre des gens comme ça ? Que regard portera-t-on là-dessus dans 30 ans ?

Être bénévole quelques jours, c’est une goutte d’eau ? Oui, mais tout le monde ramène tellement de gouttes d’eau ! Il y a des petites mains partout, une organisation incroyable, chacun fait sa journée de boulot, ce sont des bosseurs qui vont là, de beaux bénévoles ! Les Anglais sont arrivés en septembre ou octobre. Il y a des gens du festival de Glastonbury, qui sont habitués aux grosses organisations. Ils ont monté une cuisine, qui fournit 2 000 repas par jour. La bouffe est extra-bonne, souvent végétarienne. C’est un truc de fou : l’autre jour, ils avaient reçu plein de poisson congelé, à cuisiner dans la journée.

Les bénévoles sont très attentifs. Un détail : pour les vêtements, on fait attention à ce que les couleurs aillent bien ensemble. Ils vont être portés, les gens ne sont pas de perroquets. Il y a des enfants, des familles, plein de jeunes mineurs livrés à eux-mêmes.

Nous n’aimons pas cette dénomination de Jungle : c’est notre monde qui est sauvage pour eux. Eux en ont fait quelque chose qui n’est pas une jungle, qui est humaine. Il faut réveiller les âmes ! » »

Voir en ligne : http://www.ouest-france.fr/bretagne...