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Dix mille réfugiés mineurs portés disparus en Europe

Publié le 1er-02-2016

Source : www.lemonde.fr

Auteur : Jean-Pierre Stroobants

« Selon Europol, au moins 10 000 enfants migrants non accompagnés ont disparu en Europe en l’espace d’un an et demi. Dans une interview à l’hebdomadaire britannique The Observer, dimanche 31 janvier, Brian Donald, l’un des dirigeants de l’office de coordination policière de l’Union, a indiqué qu’on avait perdu la trace de 5 000 de ces mineurs d’âge après leur enregistrement en Italie, et d’un millier d’entre eux en Suède. La Grande-Bretagne, qui a indiqué, jeudi 28 janvier, vouloir accueillir davantage d’enfants issus de zones de guerre, a vu doubler le nombre des disparations en 2015. Une « infrastructure criminelle de grande envergure » serait à l’œuvre sur le continent, affirme M. Donald.

Les propos alarmants de ce responsable vont compliquer un peu plus encore l’épineuse question de la politique européenne à l’égard des réfugiés, tandis que les frontières des pays membres se ferment les unes après les autres et que les plans de réinstallation peinent à se concrétiser.

Peter Sutherland, représentant spécial des Nations unies pour les migrations, a dénoncé, dimanche, dans une tribune publiée par The Observer, les menaces d’exclusion de la Grèce de l’espace Schengen. Une décision « inhumaine » qui, estime-t-il, aboutirait à transformer ce pays en « un enclos à ciel ouvert » pour des milliers de demandeurs d’asile.

Les enfants risquent de graves problèmes de santé

Des organisations non gouvernementales, actives sur la « route des Balkans » empruntée par des flots de réfugiés partis de Grèce, ont alerté il y a plusieurs mois sur la situation particulière des enfants et sur les sévices qu’ils risquaient de subir au cours de leur voyage. L’organisation Save The Children International estime que 26 000 mineurs sont arrivés seuls en Europe en 2015. Elle gère un camp d’accueil à Presevo, en Serbie, et a lancé un appel pressant, le 19 janvier, pour la prise en compte de la situation d’enfants qui risquent, notamment, de graves problèmes de santé.

Europol souligne que le nombre de 10 000 disparus ne résulte que d’une « estimation » et pourrait être plus élevé encore, compte tenu du fait que 27 % du million de demandeurs d’asile arrivés dans l’UE en 2015 étaient des mineurs. Certains de ces jeunes ont rejoint leur famille, d’autres se cachent par peur d’être renvoyés, mais Europol dit disposer de preuves quant au fait qu’une partie d’entre eux est exploitée sexuellement, en Allemagne et en Hongrie notamment.

Des organisations criminelles de passeurs seraient désormais en relation avec des gangs gérant des réseaux de prostitution et d’esclavage. Leurs membres profitent de la confusion qui règne dans divers pays : ils se font passer pour des proches et emmènent les enfants. D’autres, des passeurs payés pour acheminer des mineurs vers leur famille, organisent leur disparition.

Situation aggravée par l’arrivée massive de réfugiés

Si la législation européenne en matière d’asile a été en partie améliorée, en garantissant notamment le droit au regroupement familial et la prise en compte de l’intérêt supérieur de l’enfant, la situation des mineurs non accompagnés reste toutefois problématique. Et aggravée par l’arrivée massive de demandeurs d’asile.

La législation les concernant est favorable dans certains pays, muette dans d’autres, ce qui encourage l’immigration irrégulière. En 2013, le Parlement européen a adopté un « rapport d’initiative » qui déplorait cet éparpillement et demandait à la Commission de rédiger un manuel et des « lignes stratégiques » à destination des Etats membres et des professionnels.

En 2010 déjà, un « plan d’action » élaboré par la Commission évoquait la nécessité de mesures de protection renforcées pour les jeunes migrants. Il envisageait la désignation d’un représentant par pays pour les moins de 18 ans et une séparation rapide des mineurs et des adultes pour éviter qu’ils soient victimes des réseaux. Ce rapport prônait encore des « solutions durables » avec l’évaluation de chaque cas en particulier, une collaboration avec les pays d’origine et de transit ou des actions de « sensibilisation » dans ceux-ci. Des projets qui soit n’ont pas vu le jour, soit sont totalement balayés par l’ampleur de la crise actuelle. »

Voir en ligne : http://www.lemonde.fr/europe/articl...