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Oise : menace sur l’avenir des jeunes majeurs isolés

Publié le 22-01-2016

Source : http://www.leparisien.fr

Auteur : D.L.

« Pour la plupart des jeunes de son âge, la majorité est une fête. Pas pour Mohamed. Ses 18 ans, cet élève du lycée Corot, arrivé seul à Beauvais il y a trois ans en provenance de Guinée-Conakry, les a célébrés avec la peur au ventre. La peur de se retrouver à la rue. L’angoisse surtout de ne pas pouvoir poursuivre ses études après la fin du contrat jeune majeur qui, jusqu’en juin, lui permet de bénéficier de l’aide sociale à l’enfance (ASE).

A l’instar de Mohamed, le sort de dizaines de mineurs et de jeunes majeurs isolés — migrants ou non — est aujourd’hui suspendu aux décisions du président du conseil départemental dont dépend l’ASE. Un conseil départemental, lancé dans une cure d’austérité visant à économiser 80 M€ sur deux ans dont 47 M€ en 2016, et qui a déjà annoncé vouloir se « recentrer sur ses missions obligatoires », à savoir la protection des mineurs placés par le juge. En clair, la voilure sera réduite en ce qui concerne les contrats jeune majeur qui, jusqu’alors, permettaient d’assumer la prise en charge des 18-21 ans moyennant une enveloppe annuelle de 10 M€.

Pour Mohamed, la fin de ce contrat pourrait avoir de lourdes conséquences. Sans ressources, il risque de se voir exclu du foyer de la fondation d’Auteuil où il est hébergé. Sans parler de ses études que le jeune homme, élève en 2e année de CAP installation sanitaire, serait contraint d’abandonner malgré des résultats probants et une tonne de projets. « Je tourne à peu près à 15 de moyenne, et mon référent ASE est très satisfait de mes résultats », glisse le jeune homme qui, en dépit de sa situation compliquée, tente de se projeter. « Après mon CAP, j’aimerais me spécialiser dans les installations thermiques, monter mon entreprise et payer des impôts pour rendre à la France ce qu’elle m’a donné. Pourquoi nous permettre de suivre des études si c’est pour nous abandonner à mi-chemin ? »

Cette question, les enseignants se la posent eux aussi. « On s’interroge forcément, reconnaît Camille Cagé, professeur en compétences plus FLS (français langue seconde) au lycée Corot. On se demande parfois si on peut continuer à faire cours normalement à des élèves qui risquent de se retrouver à la rue d’un jour à l’autre. »

Même constat douloureux chez les travailleurs sociaux, témoins privilégiés de la logique gestionnaire dans laquelle est entrée l’ASE. « Des antennes font preuve de tolérance, mais dans d’autres, c’est tout de suite le soupçon qui prédomine », avance un éducateur. En cas de doute sur l’âge d’un jeune, la pratique est alors de le contraindre à un test de maturité osseuse. Un test pourtant pas réputé pour sa précision mais auquel Bacary, scolarisé au collège Baumont a dû se soumettre. « Lui prétend avoir 16 ans. Mais il attend la réponse avec une grande angoisse, confie Rose-Marie Monteil, présidente du collectif solidarité Migrants. Il sait que son avenir est suspendu au résultat de ce test… » S’il est déclaré majeur, Bacary devra alors faire une croix sur le soutien de l’ASE et n’aura d’autres choix que de formuler une demande d’asile ou de carte de séjour. »

Voir en ligne : http://www.leparisien.fr/beauvais-6...