Enfance en danger. À l’abri au sein de l’Estran

L’Estran, lieu de vie toujours changeant... Voilà un nom qui correspond à ce nouveau foyer de l’aide à l’enfance. C’est Claude Méhu, le responsable du service, qui en a eu l’idée. « Symboliquement, ça colle bien à ce que nous faisons. On est dans l’impondérable, l’adaptation permanente... », constate-t-il. De fait, la belle maison implantée 21 rue de Pontigou, face à la pharmacie du Moulin-Vert, retrouve vie depuis la mi-octobre. Elle était inaugurée hier, par Nathalie Sarrabezolles, présidente du conseil départemental, Armelle Huruguen, vice-présidente, et de nombreux autres conseillers départementaux, élus quimpérois, magistrats et spécialistes de l’enfance en difficulté, dont Brigitte Mevel-Le Nair, directrice enfance-famille au sein de la collectivité départementale.

« Apprendre à utiliser ce bâtiment »
L’équipe éducative, composée de sept éducateurs spécialisés et d’un moniteur-éducateur, en a été quitte pour leur faire visiter les lieux, devenus lumineux et modernes. L’habitation était auparavant le siège des Compagnons du Devoir. Elle était inoccupée depuis quatre longues années et commençait à faire triste mine à l’entrée du quartier. Un an et demi de travaux ont été nécessaires pour sa rénovation et sa mise aux normes. Il en a coûté 1,6 M€ au département (achat du pavillon y compris). « Nous privilégions les petites structures. C’est la fin des gros internats-dortoirs », commente Brigitte Mevel-Le Nair. « Nous sommes dans une période d’acclimatation dans ce nouveau foyer. Comment prendre possession des pièces ? Aujourd’hui, ce sont essentiellement la cuisine et la salle à manger qui ont été investis. On a encore du mal à venir dans la salle télé. Il faut que nous apprenions à utiliser ce bâtiment », poursuit Claude Méhu. « Nous avons gagné en qualité de vie », complète Sylvie Barcleye, éducatrice spécialisée.

« Parfois, ils sont en danger »
Les neuf résidants, âgés de 15 à 18 ans, commencent d’ailleurs à y trouver leurs marques. Chacun bénéficie d’une chambre avec sanitaires et douches. Ce n’était pas le cas dans l’imposant foyer de Roz Maria, au bout des allées de Locmaria. Le manoir, qui fut autrefois un orphelinat avant d’abriter trois internats, est désormais devenu un site administratif et pourrait intéresser la Ville. Les adolescents désormais placés au sein de l’Estran le sont au regard de l’article 375 de code civil sur la protection de l’enfance. Il peut s’agir d’un « contrat » entre leur famille et le conseil départemental. Ou alors ils font l’objet d’un placement judiciaire, décidé par un juge pour enfants. « Ils sont en insécurité lorsqu’ils arrivent. Parfois ils sont en danger, parfois ce sont leurs familles qui le sont. Notre travail, c’est de faire de l’accueil, d’évaluer leurs besoins et de les orienter, soit vers un retour chez eux, ou vers une autre structure », explique Claude Méhu.