Mineurs des Olieux logés : à Lille, l’ABEJ beaucoup plus forte que les pouvoirs publics

« Scandalisée par cette situation indigne d’un pays riche, l’ABEJ a décidé de réagir et d’essayer de trouver des solutions pour mettre à l’abri les jeunes migrants du jardin des Olieux qui ont l’âge de nos enfants. » Alors que les pouvoirs publics se renvoient la balle depuis des mois, incapables de gérer la condition des mineurs isolés étrangers (MIE) du jardin de Olieux, l’Association baptiste pour l’entraide et la jeunesse (ABEJ) a pris le taureau par les cornes. En sollicitant « différents organismes et paroisses », l’association a eu l’idée aussi géniale que pragmatique de mettre à disposition (d’une trentaine de mineurs) des salles pour un temps limité (quinze jours), « afin que cela ne soit pas un poids trop lourd à porter », poursuit Patrick Pailleux, directeur général.

« Une solution durable reste à trouver »

« Le père Schillon m’avait demandé de les suivre pour le doyenné. Les gens du quartier, de toutes confessions, se sont montrés admirables dans leur soutien. C’est un beau visage humain, religieux ou non, que de prendre en charge ces jeunes et de leur donner à manger », complète Benoît Lesay, membre de l’équipe du doyenné de Lille. Deux groupes de quinze MIE rejoindront prochainement des salles paroissiales ou même celle des sports d’une école privée lilloise. Protestants, catholiques, musulmans, athées… ont réussi à unir leurs forces dans un beau geste œcuménique. « Des locaux sont prévus jusqu’en avril 2016. » Qu’en sera-t-il après ? « Une solution durable reste à trouver », glisse lucidement Benoît Lesay.

Des bénévoles sont recherchés...

« Nous sommes en difficulté pour trouver des bénévoles… Nous avons besoin chaque soir de deux personnes pour accompagner ces mineurs durant une nuitée », glisse Valérie Malhua, totalement impliquée. Les candidats se font rares alors que l’ABEJ veille aux moindres détails. Une pochette « kit accueil des jeunes » est mise à disposition des volontaires. Dont la mission consiste en gros à veiller à l’organisation matérielle de l’accueil, à s’assurer de la restitution des locaux tels qu’à l’arrivée, à relayer les questions des jeunes et à assurer leur réveil à 6 h 30… Les mineurs sont accueillis de 21 h à 7 h précises. Heure à laquelle ils quittent leur lieu d’hébergement pour se rendre au Point repère, place Saint-Hubert où un petit-déjeuner leur est servi.

Des mineurs isolés étrangers campent toujours au jardin de Olieux

L’organisation au cordeau démontre toute l’expérience et l’efficacité de l’ABEJ « fondée sur des valeurs de respect de la personne humaine et de solidarité avec les plus exclus ». Pour autant, des mineurs isolés étrangers campent toujours au jardin de Olieux. Leur nombre reste indéfini. Certains sont de nouveaux arrivants, d’autres craignent d’abandonner les lieux ou d’aller sur un autre secteur de Lille. « C’est là qu’ils se retrouvent. »
L’accompagnement global devrait briser la spirale.