OISE De jeunes lycéens étrangers coupés dans leur élan

Junior, lycéen d’origine étrangère, dort dans la rue depuis le 7 décembre. Il continue, malgré tout, de se rendre chaque jour en cours, pour apprendre la maçonnerie, au lycée Jean-Baptiste-Corot de Beauvais. Depuis plusieurs années, cet établissement accueille de jeunes étrangers de 16 à 18 ans, pour qu’ils apprennent le français et travaillent sur leur projet professionnel.
« Certains élèves nous ont alertés de leur situation. L’aide sociale à l’enfance (ASE) ne veut plus signer de contrat jeune majeur, lorsqu’ils deviennent majeurs. Ils arrêtent d’aider les jeunes, en plein milieu de leur formation », indique Camille Cagé, enseignante Français Langue Seconde (FLS).
Les jeunes mineurs isolés, débarqués seuls en France, sont pris en charge par l’aide sociale à l’enfance à leur arrivée, dans le cadre de la protection de l’enfance. À leur majorité, ils ont la possibilité de signer un contrat jeune majeur afin de poursuivre leur formation. Au lycée Corot, une soixantaine d’élèves, étrangers comme français, sont pris en charge par l’ASE.

« Les cas vont se multiplier »
Certains, comme Idrissa, originaire de Guinée, en première année de CAP commerce, a eu son rendez-vous avec l’ASE, le jour de ses 18 ans : « Ils m’ont proposé un contrat de six mois mais rien n’a encore été signé, je reste dans le doute. Je ne sais pas si je pourrai poursuivre ma formation. »
Les professeurs s’inquiètent du sort de ces élèves « aux comportements exemplaires et qui veulent s’en sortir ». Vincent Garnier, professeur d’arts plastiques et les autres se demandent à quoi ils servent… « On nous demande de les aider à concrétiser un projet professionnel et de l’autre côté, on décide d’arrêter tout accompagnement. Eux gèrent des dossiers, nous de l’humain. On ne peut pas fermer les yeux, alors qu’on rentre chez nous bien au chaud et qu’ils sont dans la rue. »
D’après leur référente, Camille Pagé, la situation pourrait s’aggraver dans les prochains mois. « On a un fonds social au lycée, qui permet de financer la cantine ou de payer l’internat pour dépanner en cas d’urgence. Mais les cas vont se multiplier, cela va devenir très compliqué. »
L’équipe encadrante du lycée Corot a adressé un courrier au président du conseil départemental, Édouard Courtial, à son homologue du conseil régional, Xavier Bertrand et au député-maire de Beauvais, Caroline Cayeux. « Ce jeudi, le conseil départemental de l’Oise doit se pencher sur le budget. J’espère qu’au moment de faire des choix, ils n’oublieront pas la situation de ces lycéens alors même que le ministre de l’Éducation s’est engagé à lutter contre le décrochage scolaire », confie Camille Pagé.