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Celui qui ne parle pas

Publié le 2-12-2015

Source : http://www.bibouille.net

Auteur : L’Alsace en famille

« Josiane Bigot est Magistrat à la Cour d’appel de Colmar, Présidente de l’association Themis. Elle a exercé la fonction de juge des enfants pendant une quinzaine d’années. Elle a toujours été attachée à défendre la place de l’enfant en justice. Nous profitons de son passage à Themis pour l’entendre sur ces questions qui ne cessent de l’intéresser. En toute discrétion bleu ciel… c’est parti !

Que faut-il nécessairement prendre en compte pour que les droits d’un enfant soient respectés aux mieux ?
La première chose à respecter est ce que l’enfant vit et pense par lui-même. Il faut le laisser être lui-même. Mais cela, tout en le guidant, tout en le nourrissant au sens propre comme au sens figuré. Les adultes sont responsables, autonomes, et doivent protéger l’intégrité de l’enfant : l’enfant n’est pas un « petit » adulte. Il a donc des besoins de droits spécifiques.

Lorsqu’on parle du droit des enfants, quels écueils devons-nous éviter ?
Alors qu’il est indispensable qu’il soit entendu dans toute affaire judiciaire qui l’intéresse, il ne faut pas conférer à la parole de l’enfant une toute puissance. Cela peut engendrer l’instrumentalisation de la parole de l’enfant par l’adulte. Une certaine façon pour lui de se déresponsabiliser. L’adulte fait ça volontiers… Il faut veiller au meilleur intérêt pour l’enfant, se projeter du côté de l’enfant. S’assurer qu’il y a des adultes qui le protègent. Et surtout lui laisser le temps.

Pourquoi avoir créé l’association Themis ?
Je me suis très vite aperçue que la justice ne pouvait pas seule défendre le droit des enfants. J’ai compris l’importance de la présence d’un tiers pour défendre l’enfant. Il m’a semblé aussi que cette question devait exister dans la société civile. Cette association pluridisciplinaire permet d’intervenir en cas de relations difficiles entre parents et enfants (incapacité des parents à répondre à l’attente des enfants.). Elle met en place les bons outils pour permettre à des enfants en difficulté de changer de trajectoire. Et entre autres choses encore… Elle leur donne les outils pour appréhender leurs droits et les responsabiliser.

Selon vous, des crises, comme celle, visible actuellement des populations migrantes, (je pense notamment au destin plus qu’incertain de nombreux d’enfants ou de très jeunes gens) peuvent-elles faire évoluer le droits des enfants ?
Nous avons déjà intégré les questions et constats inhérents à des crises telles que celle-là. À présent nous devons tout faire pour que les pays de ces enfants trouvent un niveau de vie satisfaisant pour leur permettre d’y rester. Il faut également accompagner les mineurs étrangers, eux aussi ont besoin d’une association comme Themis, ils ne s’y trompent pas ! »

Voir en ligne : http://www.bibouille.net/celui-qui-...