Témoignage d’un jeune migrant recueilli par Karima Mouchrik
Source : www.rue89.com (3 juin 2013)
Deux ans plus tard, se réorientant vers le journalisme, elle veut écrire son histoire. Pierre, qui ne l’a jamais racontée à personne d’autre qu’à son éducatrice, accepte l’interview.
Extrait :
" A 16 ans, Pierre quitte le Sénégal pour la France. Seul, et clandestinement. Sa mère est morte depuis trois ans, son oncle et sa famille le harcèlent, il n’a pas d’autre choix que d’embarquer sur un bateau.
Aujourd’hui, le jeune homme a 21 ans et peine toujours à raconter ce voyage. Pourtant il ne se passe pas un jour sans qu’il y pense. C’était il y a quatre ans, mais il « ne peut toujours pas regarder Titanic », ça lui fait peur.
« Ça devait être un grand bateau, mais non »
Il faut régler 800 euros avant d’embarquer, carte d’identité française comprise. Pierre paie grâce à la quête récoltée au décès de sa mère.
Trois « passeurs » chargent une centaine d’hommes clandestins, des réserves de fuel et de la nourriture. Personne ne se regarde, ni ne se parle.
De cette traversée, il n’ a été prévenu que du froid, donc il a superposé des couches d’habits. Les sacs étant interdits, il garde des espèces et une brosse à dents dans ses poches.
Sur le bateau, nombreux sont les passagers malades. Mal de mer, vomissements à cause de l’eau salée ingurgitée, on « fait » où on peut.
Pierre souffre de brûlures de peau – le sel le ronge – et d’aigreurs d’estomac. En arrivant en France, il sera traité pour une hépatite B sévère.
« Tu dors mais à peine, tu ne pense qu’à une seule chose, descendre de ce bateau. »
..."
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